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Ce qui m’a saisi

Texte de Corine Miret contribution à la réunion du Cercle du 1er juillet.

Thème de la réunion : dans la lutte, qu'est ce qui vous a saisi?

 

Vendredi dernier, 26 juin 2015, c’était la séance d’initiation à la lutte pour tout un chacun.

Nous avions demandé à Didier Duceux le président du club si c’était possible d’organiser une telle séance et comme à chacune de nos demandes, il a dit : bien sûr sans problème on va organiser ça.

Didier est toujours partant pour des expériences nouvelles et pour faire découvrir le sport auquel il consacre une partie de sa vie à des non initiés.

Nous étions treize, tous débutants en lutte et plus ou moins ou pas pratiquant une activité physique régulière.

Après l’échauffement commun avec les lutteurs le groupe a été séparé entre : lutteurs sur un tapis et artistes sur l’autre.

Après quelques foulées de petite course en rond sur le tapis, j’ai abandonné.

J’avais peur de me faire à nouveau mal au genou, je n’ai plus confiance dans la solidité de mes appuis.

C’est une sensation nouvelle qui pour moi ai souvent été la plus physique dans les équipes avec qui j’ai travaillé puisque danseuse à la base et travaillant tout à partir de cette base-là.

J’ai donc continué à regarder, à être sur le banc.

Pratiquer un sport, c’est un combat perpétuel entre ce qu’on voudrait faire, ce qu’on a pu faire, ce qu’on ne peut plus faire, entre le désir d’essayer à nouveau, de risquer à nouveau de se faire du bien mais aussi de se faire du mal, entre l’espoir et le renoncement.

Un combat qui peut commencer jeune, dès qu’on se blesse, dès qu’on perd confiance.

Qui fait passer du côté de ceux qui transmettent.

Ces anciens lutteurs qui reviennent régulièrement voir les entrainements, qui entrainent les jeunes, tous ces pères qui viennent regarder leurs enfants, que viennent-ils retrouver ?

Je crois avoir compris il y a deux mois quand je suis allée assister à un spectacle de danse de Christian Rizzo : « d’après une histoire vraie. »

Pour la première fois, je voyais les mouvements que font les danseurs en me disant que c’était des mouvements que j’avais fait, que je reconnaissais mais que je ne pourrais plus jamais exécuter.

Ce qui était nouveau c’est que j’ai réalisé que le fait de voir les mouvements me donnait la sensation intérieure que j’avais eue au moment où j’avais pu les faire il y a quelques années.

Je ressentais des sensations d’envol, de chute, de ralenti, d’appui, d’élan, de rotation par le fait de regarder ces hommes danser.

Très clairement, comme si j’étais en train de danser ce qu’ils dansaient.

Ils me faisaient danser intérieurement en dansant réellement ; je pouvais sentir la respiration qui s’accélère, le moment d’apesanteur dans l’élan, le contact du sol sous une partie du corps, la fatigue dans les muscles, la stabilité de la cheville dans la réception d’un saut, le rythme d’une phrase. Comme on peut sentir le mouvement dans un rêve, même si on est immobile. C’est très concret.

Je me dis donc que ces pères, ces entraineurs qui viennent à l’entrainement, sont là bien sûr pour donner les bases, puis transmettre les subtilités de la pratique de la lutte mais aussi pour que les jeunes en pratiquant leur fassent revivre les sensations physiques de ce qu’ils ont pu faire, réveiller cette mémoire inscrite par des milliers de répétitions dans leurs corps, leur donner la possibilité de lutter tout en étant assis sur le banc.

Et quand ils disent : passe le pied devant, prend appui sur ton buste, saisis lui le bras avec l’autre main, ils sentent le mouvement qu’ils énoncent dans leur corps.

C’est pour ça que j’ai noté les enchaînements de l’échauffement, pour pouvoir en lisant, ressentir le mouvement.

Comme un musicien qui lit une partition peut entendre la musique, quand je lis la description d’un mouvement, je peux sentir ce que ça fait de l’exécuter.

Je vais essayer de décrire le mouvement que vous avez travaillé lors de la séance d’initiation.

Comme il y a deux lutteurs : je décris celui qui fait la prise.

Comme je ne l’ai pas fait, je ne suis plus sûre de certaines prises. Je compte sur vous pour m’aider.

-Un est couché sur le ventre, l’autre essaie de le retourner sur le dos

Comment faire ? utiliser tout le corps, le poids du buste

-Même exercice mais Dane et Mickaël montrent la prise :

on est le ventre sur le dos de son adversaire, les jambes à gauche de son flanc, on passe le bras gauche sous son aisselle gauche et sur son cou, on vérifie que son bras gauche est le long de son corps, on appuie avec l’avant du buste sur son dos et on fait tourner son adversaire sur son côté gauche (les jambes de celui de dessus viennent vers la tête de l’adversaire)

Les erreurs :

se décoller de son adversaire : toujours laisser son buste coller, le poids agir

Laisser les genoux à terre : il faut les soulever pour amener plus de poids sur le buste ;

Après l’entraînement, Didier m’a dit que c’était la première fois ce soir-là qu’il remontait sur le tapis, depuis un an, depuis ce qui lui est arrivé. Depuis qu’il a une maladie chiante et dégueulasse qui vous ronge de l’intérieur.

Il était visiblement heureux.

Lutte, Blog

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