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Sport et civilisation. La violence maîtrisée, de Norbert Elias et Eric Dunning,1994

 Elias Dunning Editions Fayard.

Ce recueil d'articles est un classique de la sociologie du sport, qu'il étudie en l'inscrivant dans un temps très long. En écho aux travaux de Elias sur le processus de civilisation, il essaie de comprendre les conditions qui ont rendu possible la naissance du sport moderne, en même temps que se développait l'Etat moderne.

En prenant l'exemple de la Lutte ou de la Boxe, Elias montre que les règles des rencontres athlétiques dans l'antiquité toléraient un niveau de violence dans la mise en jeu des corps bien supérieur à celui autorisé aujourd'hui dans le sport moderne. Or il ne s'agit pas simplement d'une différence de degré (de violence) mais de nature. La différence fondamentale entre les jeux grecs et le sport moderne, c'est "l'éthique sportive de la loyauté". Alors que les jeux grecs étaient fondés sur une éthique d'origine militaire (valorisation de l'efficacité, absence de distance de l'individu à son "rôle" de combattant, entraînement à la guerre). L'interdiction ou le contrôle de la violence physique par l'Etat, l'intériorisation de cette règle et l'augmentation de la répulsion que la violence suscite ont entraîné la transformation des sports (Elias étudie ainsi par exemple les transformations des différentes "chasses" et la mode de la chasse renard inventée comme "sport" par les nobles anglais). Les évolutions des sports ne doivent rien au hasard et doivent être rapportées aux transformations de la politique.

 

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