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Mike Tyson : La vérité et rien d’autre

Livre Mike TysonMike Tyson champion du monde de boxe poids lourds, figure des années 80, c’est le type qui a mordu et coupé l’oreille de Hollyfield qui lui était opposé, celui qui a été condamné pour viol d’une de ses fans, a passé des années en prison. Il arbore aujourd’hui sur le visage un improbable tatouage de griffe semblable à un dessin de couverture du groupe de jazz-rock Magma.

Bref, a priori, le personnage semble rassembler sur sa seule personne toutes les caricatures qu’on peut nourrir sur la boxe si un jour, on a décidé dans sa tête que c’était pas bien que des hommes s’affrontent à coups de poing sur un ring.

J’ai lu une interview fleuve que Tyson a accordé à l’Équipe magasine : et voilà que je découvre que cet homme que tout le monde semblait jusqu’alors s’accorder à considérer comme une brute épaisse répand des flots de larmes durant cet entretien, émet des remarques plus que pertinentes sur la boxe, la société américaine, et son destin malheureux.

Tyson a toujours aimé élever les pigeons, c’était son refuge au sommet des immeubles lorsqu’enfant il cherchait à échapper à la vie misérable et violente de son quartier de Brownsville à New York. Il dit qu’il y a deux types de pigeons : les plongeurs et les planeurs. Il appartient selon lui à la première catégorie : celui des pigeons qui rassemblent leurs ailes contre leur corps plongent vers le sol, pour se redresser – ou non – in extremis. Tyson aura percuté le sol plus qu’à son tour, c’est un fait avéré.

Les récits de l’enfance de Tyson sont passionnants, comme celui du lien qui va le lier à son entraineur, Cus d’Amato, qui va en faire son fils adoptif après avoir prédit en le voyant lors d’un unique entrainement : « ce garçon sera champion du monde ». Hélas, d’Amato mourra à peine quelques semaines avant de voir sa prédiction se réaliser.

Ensuite, les récits, de partouze, de cocaïne, de prostitution, d’escroquerie, qui constitueront une bonne partie de la vie de Tyson sont un temps instructifs, et pour finir pour moi très lassants. Mais c’est une partie de sa vie, dont Tyson tire un bilan éploré : « Il y a des types doués pour le bonheur, moi, je suis doué pour le malheur ».

Mais c’est dans cette très sincère auto flagellation, cette confession furieuse que Tyson est vraiment sympathique « Pourquoi, je suis un aussi sale type ? » se demande-t-il sans cesse, et cet homme qui comme Saint Augustin « voit le bien le désire , mais fait le mal », nous renvoit un reflet très déformé, grossi, de nos vies ordinaires avec ses grandeurs et décadences, ses sommets et turpitudes intimement mêlées. Un pigeon plongeur, comme il dit.

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