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Interview de Théo H. (lutteur)

Théo est lutteur au club, il fait partie des adultes qui viennent pour le plaisir de lutter.

Yuri le moldave qui s’entrainait à la lutte ici fait du MMA. Il a combattu il n’y a pas longtemps. Il s’entraine à MMA Factory (club de MMA 91 boulevard Poniatowski 75012 Paris).

La première fois que je suis monté sur un tapis de lutte, c’était il y a peu de temps, il y a trois ans. Je voulais faire de la lutte. J’avais fait du judo petit. J’avais arrêté, après je n’ai pas fait de sport sérieusement. Je n’ai jamais été un grand sportif. J’ai fait un peu de Jiu-Jitsu. En Jiu-Jitsu il y a le grappling qui est sans kimono. Ce qui me plaisait le plus en Jiu-Jitsu c’était de mettre par terre. Ça devait être les restes du judo.

Comme autre sport, je fais du vélo, j’aime bien rouler. J’essaie d’en faire quand je peux, le plus possible, le WE. Cent cinquante kilomètres par semaine, quelque chose comme ça. Ça c’est un plaisir.

Je suis venu là, ça devait être un jeudi ou un vendredi, j’ai demandé si je pouvais essayer. Je suis venu, j’ai essayé la lutte et je suis resté.

J’ai choisi Bagnolet parce qu’il n’y a pas beaucoup de clubs dans le Val de Marne, il y a Créteil, Sevran, Bagnolet, Rosny c’est de la gréco. Il n’y a pas de choix pour faire de la lutte.

Le club ici était connu. On m’a dit qu’il y avait des bons lutteurs donc je suis venu. Après, je n’avais pas de raison d’aller ailleurs, de toutes façons il n’y a pas trop de choix.

La première fois que je suis venu, j’ai fait l’entrainement en chaussettes parce que je n’avais pas de chaussures. Je venais pour essayer, je n’allais pas regarder, je venais pour faire.

Je n’ai jamais fait autre chose que des sports de combat, donc le premier entrainement ne m’a fait rien de spécial. J’ai fait de la libre, la gréco je n’ai jamais voulu en faire, c’est ennuyeux, ça manque d’action, c’est plus bourrin.

J’ai dû arriver en fin d’année au mois de mai, j’ai continué sans licence, et j’ai pris une licence à la rentrée suivante. Cette année est ma troisième année.

Le truc qui marque quand on arrive ici c’est la francophonie très développée. Ce n’est pas du tout les mêmes personnes qu’au judo. Ce ne sont pas les mêmes personnes qui font du judo, ou du MMA ou de la lutte. Ici c’est plus des gens des pays de l’Est ; au judo il y a de tout, toutes les pratiques et surtout des jeunes. À partir de vingt ans soit ils font du haut niveau, soit ils arrêtent.

Quand je parle de la francophonie au club, c’est la russophonie, la langue anglaise du bloc URSS. Les personnes qui pratiquent la lutte viennent beaucoup du bloc de l’ex-URSS. Pour beaucoup, c’est le sport national chez eux. C’est des brutes là-bas.

J’essaie de faire des compétitions. Quand il y a une compétition que l’entraineur me signale, j’y vais. Je ne me rappelle pas de la première fois. Les compétitions c’est toujours la même chose : on fait le poids, on monte sur le tapis et on combat. On gagne ou on perd. Ça ne m’a pas particulièrement marqué à part qu’il fallait mettre un tenue moulante et changer la tenue : soit bleu, soit rouge. Sinon rien de particulier, ça fait partie du truc : on s’entraine, on combat, on s’entraine, on combat.

Ce qui est bien dans les compétitions, c’est qu’on est entre amis. Quand c’est à côté on bouge entre amis, quand c’est plus loin on va à l’hôtel, donc il y a toujours l’ambiance de compétition qui est marrante.

Mais je ne m’entraine pas dans le but de la compétition, je fais juste du sport pour le plaisir. Je n’ai pas d’objectif. Si je vais en compétition je veux gagner les matches bien sûr, mais j’ai commencé la lutte tard et le sport n’a jamais été une priorité, ça a toujours été l’école. J’ai dû commencer la lutte à vingt et un ou vingt-deux ans.

En compétition, mieux vaut toujours gagner bien sûr. Mais on peut être déçu d’une victoire comme on peut être déçu d’avoir perdu un match ; ou on a perdu un match mais la personne en face était plus forte et malgré tout on a fait un bon match. Cette année je n’ai pas fait de petites compétitions, je n’ai fait que la qualification pour le championnat de France et ce qu’on regarde à la fin c’est la qualification, si on y arrive ou pas. Pour les qualifications, j’ai perdu un match contre quelqu’un qui je sais est vraiment meilleur : c’est un ancien, il a toujours lutté depuis qu’il est petit, il est très bon techniquement. Je ne recherche pas la performance. Je suis toujours plus content quand je gagne, je cherche à gagner, mais il n’y a pas de sentiment spécifique par rapport à ça. Ceux qui s’entrainent beaucoup et mettent un objectif dans la compétition, ça doit les prendre quand même une fois qu’ils sont sur le tapis. Moi je fais juste ça en plus, pour m’amuser.

Le sport n’a jamais été une priorité, en judo, j’ai fait un peu de classes sportives pendant les vacances, ce genre de truc. Mais il faut rester sur l’école. Le Jiu-Jitsu brésilien, avec les clés de bras, étranglements, j’ai dû en faire pendant un an ou deux. Par contre, je n’ai jamais fait de sport de combat avec des coups comme la boxe ou le karaté. J’ai toujours fait des sports de préhension. J’aimerais bien essayer un jour pour voir ce que ça donne, pourquoi pas. Pour changer, parce que ce n’est pas la même technique.

J’ai fait du judo parce que à l’époque on était à Fontenay. Il y avait l’équipe de France qui avait fait tout un tas de médailles, c’était à l’époque de Benboudaoud (Larbi Benboudaoud). Mon père m’avait proposé d’essayer et je l’ai fait. J’avais six ans, j’étais en CP. Quand on est petit au judo, c’est comme la cour de récré. On se chamaille sauf qu’on a un kimono blanc. J’ai continué à Champigny quand on est arrivés là-bas. De toutes façons j’étais nul au foot, je n’aurais jamais pu en faire. A part ça, il n’y a pas trop d’autres sports populaires, que tout le monde peut faire. Le judo, il y a plein de petits qui en font.

J’ai arrêté en cadet, dès que j’ai eu la ceinture noire. A partir de junior, je continuais à y aller mais c’était pour les amis, on bavassait, on ne faisait pas grand chose. Le club n’avait plus trop d’intérêt. En fait le club, c’est un groupe d’amis. Avec les études, il y en a un qui part à droite, un qui part à gauche, il n’y a plus trop d’envie de rester et l’envie d’essayer quelque chose d’autre. Donc j’avais essayé le Jiu-Jitsu.

Avec la fac, j’ai complètement arrêté. J’ai continué peu à la fac parce qu’il y avait moyen de gratter des points avec l’option sport pour les partiels. Je ne suis pas un addict au sport. Je ne vais pas aller courir pour le plaisir. Je fais du vélo pour le plaisir et un peu de pilotage aussi.

C’est le principe des sports, c’est des loisirs. La lutte demande de la technique, c’est difficile physiquement. Je ne sais pas si quelqu’un qui n’aurait jamais fait ce type de sport et qui viendrait comme ça arriverait à pratiquer. Encore qu’à Bagnolet, les entrainements ne sont pas intenses. Mais il y a de la lutte pour tout le monde : certains peuvent mettre le côté physique sans la technique, d’autres vont faire autrement. Je ne trouve pas ça intense comme entrainement par rapport à ce que j’ai connu en judo au CREPS quand j’étais petit. Quand un entraineur veut faire un entrainement dur, il fait un entrainement dur. Quand on était petit au CREPS quand on avait une minute de retard, il fallait faire dix montées de corde, ou s’ils nous retrouvaient le soir en dehors des chambres à partir de vingt-deux ou vingt-trois heures, ils nous prenaient et ils nous faisaient courir pendant une heure dehors même s’il était minuit. Le lendemain on se réveillait et il fallait continuer l’entrainement.

Ici ce sont des personnes qui travaillent pendant la journée ou font des études, qui viennent se faire plaisir là. Les seuls qui s’entrainent sérieusement en France sont ceux qui sont à l’INSEP.

Ici c’est pour le plaisir, c’est juste du sport loisir, détente. C’est aussi un groupe d’amis : on vient, on papote, on s’entraine. C’est toujours des loisirs, on y va pour le plaisir. Pour des choses qui sont liées au plaisir : les gens qui sont là, la pratique du sport qui apporte du plaisir.

Si je viens deux fois par semaine, c’est bien. Avec les études je ne peux pas plus. Je finis mon master en apprentissage cette année. Je n’ai pas énormément de cours. Je travaille à la chambre de commerce. Parfois ça fait un peu pousser la flemme : repartir quand on vient d’arriver chez soi, enlever le costume et venir ici. Après je rentre en bus de nuit, ça fait loin. J’habite à Champigny.

J’ai envie de continuer jusqu’à ce que je puisse. J’imagine que je ferai toujours plus ou moins du sport. Quand on a fait du sport depuis tout petit, c’est une habitude, ça fait bizarre d’arrêter.

Et ça fait partie des cercles : il y a le cercle de l’école, le cercle de la famille, le cercle du sport. Si on arrête, ça en fait un en moins.

Le vélo, j’en fais juste pour le plaisir, c’est pour me balader. Mon père en a toujours fait : regarder le tour de France, faire du vélo. Ça m’a plu. J’aime bien ça. Si je peux, je voyage en vélo. C’est simple et on fait ce qu’on veut sur un vélo. C’est pour se balader.

La question du poids, dans les sports de combat, c’est le malus. Ça doit être un plaisir d’être un poids lourd : ils mangent au restaurant quand tout le monde mange de la salade. La question du poids, on s’y fait, mais ce n’est jamais un plaisir de faire un régime. Pour personne. Après on a l’habitude : on sait combien on perd en combien de temps ; combien on peut perdre en une nuit. Actuellement je ne surveille pas mon poids, je n’ai pas grand chose à perdre pour être dans ma catégorie, je le ferai au dernier moment et ça ira.

Des points forts, je ne sais pas si j’en ai ! Je ne suis pas un grand sportif. Quand l’entraineur explique un truc je peux être attentif et retenir ce qu’il dit du mieux que je peux. Je ne suis pas explosif ou spécialement endurant ou autre, je ne suis pas un grand sportif. Je peux être attentif. Réussir à écouter, comprendre ce qu’il dit et le refaire derrière. Je n’ai pas tellement de point fort. Il y en a qui vont parler, ou plus vite se dissiper. Je peux être attentif mais ce n’est pas un point fort du sport.

En lutte, techniquement je ne connais pas grand-chose, je n’ai pas le physique d’un lutteur, je n’ai pas l’endurance, l’explosivité. Je n’ai pas les qualités du sport, je n’en fais pas assez pour les avoir.

Je n’étais pas spécialement bagarreur étant petit. Quand on est au collège on est bien obligé. Sinon ça ne marche pas. Si il y a une fois une insulte, si on se prend une fois un caillou dans la tête, on est bien obligé de répondre. Il faut, qu’on perde ou qu’on gagne la bagarre. Sinon après ça devient pénible. Comme tous ceux qui ont grandi dans le Val de Marne ou en Seine Saint Denis j’imagine. Je ne pense pas qu’il y en ait qui aiment se battre spécialement, mais s’il y en a qui font chier, on est bien obligé.

Il n’y a pas de fédération française de bagarre ! Ce n’est pas un sport la bagarre ! Quand j’étais petit, l’entraineur de judo nous disait : « C’est interdit d’utiliser ce que vous apprenez avec moi en bagarre. Et si jamais j’apprends que vous le faites, vous êtes virés. » C’est ce qu’il nous disait toujours. Ce n’est pas Fight-Club. Peut-être qu’il y a des gens qui se retrouvent après le travail qui se foutent sur la tronche, sans règles. La bagarre, ce n’est pas un sport, c’est un moyen d’expression pour ceux qui n’ont plus rien à dire.

Les objets qui symbolisent la lutte, pour moi, c’est le tapis de lutte, le cercle rouge, les chaussures, la combinaison de lutte. Tout ce qui sert à la pratiquer. C’est quelque chose de concret.

Comme pour le judo, l’image c’est le kimono avec la ceinture noire, tout de suite. C’est vrai que la salopette moulante a moins de succès !

Par rapport à l’image, j’ai des amis qui disent tout de suite : « Deux mecs qui se frottent en maillot moulant. » C’est ça l’image. Je n’ai aucune notion de mode, mais j’imagine que ce n’est pas formidable. Lagerfeld n’aurait pas fait ça, si on lui avait demandé de dessiner une combinaison de lutte !

Pour l’image, c’est ça qui change. Au judo, quand on est petit, il y a le kimono, tout de suite ça fait classe. Il y a le côté martial. Se dire bonjour en se saluant : ça paraît formidable. C’est juste la manière de se serrer la main au Japon. A la lutte on sert la main parce que c’est plus européen. Peut-être que cette tenue freine le développement. Ce n’est pas très sexy.

Ce qui freine le plus le développement c’est le fait qu’il n’y ait de salle nulle part. Si il y a des bons résultats aux J.O., que des petits veulent en faire et qu’ils doivent faire une demi-heure ou heure de transport, ils vont faire autre chose : judo, boxe etc. En tout cas, s’il y a une vague, si il y a une envie, ils ne pourront jamais la récupérer ici en France, il n’y a pas les infrastructures pour pouvoir le faire. Il y a peut-être plein de petits qui veulent en faire. Ceux qui veulent en faire actuellement, ce sont ceux qui font du MMA, car ils doivent savoir faire de tout. Ils en font différemment, puisqu’ils doivent faire de tout, apprendre à tout faire. Ils n’y viennent pas en tant que pratiquant de lutte, ils viennent juste peaufiner leur truc à eux.

En lutte, pour commencer à lutter correctement, il faut en faire au minimum cinq ans. En en faisant deux ou trois fois par semaine. En s’impliquant, en essayant de faire ça intelligemment. Il faut du temps. Les mouvements, il faut qu’ils rentrent dans le corps. Ça met du temps l’apprentissage. Pour tous les sports. Il faut être prêt à mettre du temps. Se dissiper, c’est faire trente-six sports à la fois. Ce n’est pas possible. Ceux qui veulent être bons en MMA, il y en a pas mal. Certains ont des bourses. D’autres ont des périodes de chômage, ou un petit boulot. Ils mettent tout dans le sport. Ils sont super passionnés, ils font tout ce qu’il faut pour avoir accès à des qualités d’entrainement que ici, on ne pourrait avoir que pour des athlètes de haut niveau. Un planning qui est libéré, ou ils ont des aides, à l’école des horaires aménagés etc.

Moi, c’est toujours l’optique d’en faire comme ça, pour s’amuser.

Si j’avais un enfant, il ferait ce qu’il veut. La chose, c’est qu’il serait obligé de passer par la case piscine. Parce que ce n’est pas cool de ne pas savoir nager. En plus ça peut être dangereux. Pendant des vacances ou des sorties. Je sais que si j’ai des enfants, ils iront à la piscine au début, dans les clubs omnisports, après, une fois qu’ils ont leur brevet de cent mètres ou deux cent mètres, ils font ce qu’ils veulent ! Ça me ferait peut-être chier qu’ils fassent du foot !

On montre la fresque de Beni-Hassan

Que ces gestes là aient toujours existé, on le sait. Mais le fait qu’ils aient été codifiés, c’est ça qui est marrant. Ça doit être un truc plus « arts martiaux » en général, parce qu’on voit qu’au début ils s’attrapent, et au bout, ils finissent avec des arcs. Donc ce n’est pas totalement pacifiste. La lutte est un sport vieux et très pratiqué –parce que en dehors de la forme olympique, il y a des tas de petites sortes de lutte. Ce qui est marrant c’est que ça ressemble un peu à ce qu’il y a dans les manuels de lutte, pour les passages de tel ou tel grade, pour apprendre telle ou telle technique.

On voit une technique sac à dos, je ne sais pas ce que sait.

De toutes façons, c’est sûr que s’il y a eu deux personnes qui n’étaient pas d’accord, elles ont lutté. Pour les petits c’est pareil, ils ont aussi lutté j’imagine.

Ce qui est marrant c’est le fait qu’il y ait des techniques. J’imagine qu’on ne retrouvera pas ça pour la course à pied. Pourtant ils devaient en faire aussi.

Avec ça, on pourrait faire valoir que la lutte est un art martial.

Peut-être qu’à l’époque c’était un sport pratiqué par la noblesse. Ils n’enterraient pas des quidams comme ça en Egypte. C’est le contraire maintenant : plus on est éloigné, plus ce sont des sports de riches, plus il y a de contacts, plus ce sont des sports de pauvres. Voyez le tennis et la lutte. J’imagine qu’à l’époque où il y avait la guerre un peu tout le temps ils devaient apprendre ces techniques : équitation, chasse, lutte. C’étaient les arts qu’ils devaient apprendre. Ça serait marrant d’en savoir plus. Juste pour l’histoire. Tout ce qu’il y avait autour.

J’ai vu des luttes traditionnelles, mais il y en a tellement partout : il y a les turcs, en huile moulante et trucs en cuir ; en Suisse ils en font ; toutes les luttes de la côte ouest de l’Afrique ; les bretons ; il y en a partout, en Ouzbékistan c’est avec un kimono sur le haut du corps, ça ressemble au judo ; les géorgiens en ont.

Après, la FILA a codifié les choses.

Même les américains, ce n’est pas de la lutte libre qu’ils font à l’Université. C’est le Folk-Style, ce n’est pas les mêmes points, ce n’est pas la même chose, le travail au sol est plus ou moins développé, je ne sais plus. C’est la lutte de la NCA, la fédération universitaire. Le style national américain n’est pas la lutte olympique.

C’est comme si en France, il y avait un judo légèrement modifié avant le judo que tout le monde pratique.

Ceux qui pratiquent ces luttes comme la lutte bretonne, c’est plutôt quelque chose de folklorique.

Je crois qu’il y en a aussi aux Canaries. Il y en a partout. Peut-être que les eskimos n’en font pas, c’est une question de température ! Ou alors tout habillés, comme des bibendums.

Je crois que les Mongols en font aussi.

Tous les pays où il y a une grosse équipe nationale de lutte ou judo, c’est qu’il y a une lutte traditionnelle. Mis à part en Afrique, où ils n’ont pas intérêt à faire de la lutte olympique car ils gagnent beaucoup d’argent là-bas et ils jouent beaucoup sur la réputation.

La lutte, ce n’est pas très anglo-saxon à part les Américains. Il n’y a qu’eux. Tout le Commonwealth, on ne les voit jamais. On ne voit jamais d’Australiens ou autre.

Pourquoi aux Etats-Unis ? Les Américains, quand ils ont créé les Etats-Unis, avaient une petite opposition à la couronne britannique. Ils sont allés chercher des valeurs dans l’antiquité européenne, les grecs, les romains. On voit des universités avec des colonnades. Comme sport, ils sont allés chercher la lutte qui était le premier sport olympique. Je crois que c’est pour ces raisons-là qu’ils l’ont pris.

As-tu des idoles en lutte ? des champions qui t’ont marqué ?

Quand il y a des championnats, je regarde les matches. Je n’ai pas d’idoles. Je n’ai jamais eu le comportement fan. J’apprécie les très bons lutteurs. En libre, je pense que le plus fort qu’il y ait eu c’est Saytiev (Buvaysar Saytiev), le tchétchène. C’était un extra-terrestre. Il était grand, taillé comme un bâton, il gagne trois médailles d’or olympiques. Une des médailles olympiques, il perd contre un américain mais l’américain était chargé. Lui était chargé aussi mais j’imagine que les américains font ça mieux que les autres. Il avait une belle lutte, il avait la lutte des causasiens, technique, en déplacement. Contrairement à la lutte des américains qui est physique, à distance, ils rentrent dedans, ils ressortent, ils re-rentrent. Lui était très fort. J’imagine qu’il y en avait aussi des très forts en gréco. Il faut demander aux arméniens, ils suivent ça, c’est eux qui savent. En ce moment, il y a un 86 russe très fort Sadulaev (Abdulrashid Sadulaev). Il gagne tous les combats en 86 depuis un moment. Il y a aussi un américain en 74 qui est bon. Jordan Burroughs. Ce sont toujours les mêmes noms qui reviennent quand on regarde les résultats des grandes compétitions. Quand on gagne, on est sur le podium.

C’est une caricature de dire que tout le monde est chargé. Un américain va se charger sur le cardio, sur la masse musculaire. Des produits dopants, il y en a pour tout : pour la récupération. Certains ne se chargent pas pendant l’année mais vont prendre des trucs pour le régime. Dopage ou pas dopage…certains vont prendre huit cafés avant, ils ne seront pas chargés mais surexcités. Des mecs qui prennent des pilules, il y en a un paquet. Dans tous les sports à haut niveau. Le vélo, c’est le seul sport où on recherche des brebis galeuses dans le peloton, les autres sports ne se penchent pas trop là-dessus. Surtout dans les pays où il n’y a pas grand-chose en dehors de ça. Si ils percent, ils sont une situation, ils ont la baraque, la voiture. Dans la situation de gens comme ça, même si le médecin te dit que tu vas perdre dix ans d’espérance de vie, je pense que tu t’en fiches un peu, si ça te fait sortir d’un trou.

Il regarde la fresque de Beni-Hassan

Là, il l’écrase sous une pierre.

Là, c’est soit un coup de couteau dans la bouche, soit il lui donne à boire.

Là, il dépouille un cadavre.

C’est marrant.

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