contribution de Yasmine
Contribution de Yasmine à la réunion du Cercle du 24 janvier 2016
Thème de la réunion : dans la Boxe, qu'est ce qui vous a frappé ?
Moi, la Boxe, je l’ai découverte assez jeune, j’avais un papa qui boxait en amateur. Du coup je devais avoir 4 ans quand j’ai atterri la première fois dans un gymnase rempli de gens. Et j’ai vraiment une mémoire très sonore de ce lieu-là, et à partir de là, moi je n’ai pas boxé du tout, j’ai dansé.
Il y a deux ans, m’est revenue cette chose très sonore, et puis les rencontres de différentes figures soit de Boxe au cinéma, ou en danse aussi, plusieurs figures m’ont touchée qui avaient pu traiter de cette question-là, même dans les années 30.
Et je ne sais pas pourquoi, mais il y a quelque chose qui m’a traversée et je me suis dit « et si… », « et si je me saisissais de cette matière-là pour faire quelque chose ?». Donc j’ai œuvré à ce projet pendant plusieurs mois. J’ai joué une fois cette pièce, et depuis le projet flotte quelque part.
Et puis j’ai rencontré quelques uns du cercle, et j’avais envie de me remettre à la pratique de la Boxe pour comprendre de l’intérieur.
Alors je me suis inscrite en octobre au Boxing Beats pour reprendre la pratique, l'apprentissage de la boxe. Comme une façon de rester connectée à un imaginaire et venir augmenter, déployer la suite de mon travail chorégraphique.
Mais je me suis dit « ok. Je reste dans la pratique, et ça m’active un imaginaire, et cet imaginaire.. » A partir de là, Yasmine fait tourner une corde à sauter, qui fait le même bruit et rythme rapide que lorsque les boxeurs sautent à la corde à l’entraînement.
Et puis – j’ai pas vu le match de Julien, ni les autres matchs avec les copains – mais j’ai vu un championnat de France en mars 2014, avec le premier match d’un boxeur que je suivais à Lyon. Et là pour le coup, j’ai été saisie par l’ambiance de la salle qu’on a déjà entendue tout à l’heure, le public qui crie « tue-le ! » et je me disais « mais qu’est-ce qu’ils ont ces gens ? ». Et en même temps ce gars, Christian, qui faisait son premier match. Albanais, qui débarquait et qui était soutenu par son club de Boxe (ils se sont démenés pour lui trouver des papiers, un poste, un appart, il y avait tout un contexte social..). Et c’était quelqu’un de très doux.
Ce qui me fascinait c’est : tout est très sonore, son coach à côté de lui, lui insuffle un encouragement de manière très douce, au bord du ring. Le gars, tu sens qu’il n’est connecté qu’à lui. Je trouvais que la relation était très belle. Avec sa rage à lui et ce monde qui gueule de partout, et lui qui dit tout doucement « vas-y, avance, non, te jettes pas, te jettes pas… ». Un truc très fin. Et à la dernière minute de récupération, le gars s’écroule, « non je veux pas me battre, j’en peux plus.. », et l’autre qui le remonte en 50 secondes « tu vas pas lâcher… » Il y avait une espèce de balance entre le type qui est à fond pendant 3 minutes, et qui envoie bam bam boum, et de l’autre côté il arrive et il s’écroule complètement, et son coach qui le remonte, je te remets au milieu et tu y vas. C’était assez joli.
Et dernière chose, mais c’est plus de l’anecdote par rapport aux choses qui se passent dans la salle à côté. Il y a par exemple l’apprentissage de la corde à sauter qui est en cours, mais de manière précise parce que je sens bien qu’il y a un mouvement à trouver. Il y a une espèce de rapidité dans les jambes. Quand je vois les gars qui y arrivent hyper-bien, il y a un truc (elle commence à sauter à la corde), une espèce de coordination à trouver, alors que je sens que là, je fais le cheval. Alors que quand je regard les boxeurs sauter ou sur des vidéos, ils sont hyper détendus, ça ressemble plus pour moi à une danse folk. Du coup c’est encore en cours…
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