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revue de presse la tribu des lutteurs - Le Parisien – AFP 29/11/2016

Page 2 sur 6: Le Parisien – AFP 29/11/2016

Le Parisien - AFP - 29/12/2012

es "Diables rouges" sont sur scène au Théâtre de la Commune d'Aubervilliers: une douzaine de membres de ce club de lutte légendaire sont au cœur de "La Tribu des lutteurs", premier épisode d'un vaste projet sur les sports de combat en Seine-Saint-Denis.
Un tapis de lutte recouvre entièrement la scène et les mannequins d'entraînement en cuir achèvent de planter le décor. Assise sur un banc, la comédienne Corine Miret commente l'entraînement des lutteurs, remonte aux sources de la lutte, lit un extrait sur la lutte de "Gilgamesh", épopée née en Mésopotamie au début du deuxième millénaire avant Jésus-Christ.
Sur le tapis, deux microbes de 6 et 8 ans s'empoignent avec détermination, tandis que Tigran, 18 ans, jeune espoir du club en voie d'intégrer l'équipe de France, fait voler son partenaire par dessus l'épaule sur le tapis dans un bruit mat.
"La Tribu des lutteurs" est le premier volet du projet mené par la Revue Eclair, la compagnie de Corine Miret et Stéphane Olry, adeptes d'un théâtre entre documentaire et fiction. Depuis déjà deux ans, le duo explore les clubs de lutte, de boxe et de MMA (mixed martial art, mélange de plusieurs sports de combat) de Seine-Saint-Denis, participe aux entraînements et mène des entretiens.
L'immersion est telle que Stéphane Olry, inscrit comme boxeur débutant aux entraînements des "Boxing Beats" d'Aubervilliers, en est venu à donner des cours de soutien scolaire aux jeunes boxeurs.
Trois pièces doivent voir le jour: "La Tribu des lutteurs" jusqu'au 15 décembre au Théâtre de La Commune, "Combattre", qui sera donnée en appartement à Sevran à partir d'entretiens avec des femmes pratiquant le MMA et "Le Ring" sur la boxe anglaise, en 2018 à la MC 93 de Bobigny.
"On a voulu montrer qu'il y avait là un véritable art, une science, un langage qui passe par les corps, dans ce département de Seine-Saint-Denis où beaucoup de gens sont primo-arrivants", explique Stéphane Olry.
"Ces gens qui ne parlent pas français sont accueillis dans ces clubs, où il peuvent rencontrer d'autres gens, pratiquer un sport qu'ils maîtrisent et retrouver une fierté, une dignité", renchérit Corine Miret.
- Un monde pacifique -
Sur le tapis, les entraîneurs de lutte libre et gréco-romaine sont pour l'un d'origine centrafricaine, pour l'autre arménienne. Les lutteurs viennent du monde entier. "Un entraîneur nous a dit que partout où il y a des pauvres, il y a de la lutte".
Sport ancestral, décliné en autant de formes traditionnelles qu'il y a de régions, la lutte ne nécessite aucun équipement coûteux. "On pousse une porte juste à côté et on est complètement dépaysé: Afghans, Arméniens, Tchétchènes, Russes, Georgiens, Abkhazes, Ossètes, Centrafricains, Sénégalais, ... c'est tout un monde!" raconte Stéphane Olry.
Les "Diables rouges" (officiellement Bagnolet Lutte 93) existent depuis plus de 100 ans, entraînent 200 lutteurs de tout âge et refusent du monde.
Le monde des sports de combat suscite souvent "stupeur et tremblement", sourit Stéphane Olry. "Pousser la porte d'un club de lutte est pour certains plus intimidant que d'entrer dans une galerie d'art", dit-il.
"Les gens imaginent un monde violent, c'est tout le contraire", souligne Corine Miret. "On devrait initier tous les mômes à la lutte, c'est un rapport à l'autre, un sport qui enseigne à gagner et à perdre et ça donne des gens très pacifiques."
Dans tous les sports de combat, il y a de plus en plus de femmes, y compris dans le MMA, le plus spectaculaire. "Les femmes s'emparent petit à petit de tous les domaines sportifs - à part la danse - traditionnellement réservés aux hommes", remarque Corine Miret.
Sur le tapis, l'ambiance est concentrée. De temps à autre, un rire ponctue le "splash" particulièrement sonore d'un corps envoyé au tapis. On s'encourage dans plusieurs langues, afghan, arménien, français.
"C'est une sorte d'univers enchanté, où personne ne demande ce que vous faites dans la vie, d'où vous venez, remarque Stéphane Olry, "un petit paradis ici et maintenant".

Marie-Josée Sirach – l’Humanité, le 12/12/2016
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