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Konrad Lorenz : L’agression -1969 collection Champs - Flammarion

LorenzKonrad Lorenz, c’est une sorte de Mortimer (de Blake et Mortimer, les héros de la BD de Edger G. Jacobs). Un savant avec barbe, pipe, et laboratoire dans sa vaste demeure familiale.

On le connaît pour être l’homme des oies cendrées. Celui qui étudie des années durant le comportement social de ces Anser anser domesticus, qu’il élevait dans sa basse-cour et jusque dans sa chambre.
Konrad Lorenz, c’est le monsieur qui soustrayait ses œufs à la mère l’oie, se faisait passer pour elle à leur éclosion, et marchait suivi jusque dans sa chambre donc par une troupe de jeunes oies persuadées d’avoir une mère corpulente, barbue et fumant la pipe.

Après une introduction aussi désinvolte comment ajouter que L’agression de Konrad Lorenz est un des livres à l’origine de la constitution du Cercle, et de notre projet d’exploration des sports de combat ?

Lorenz étudie d’abord les comportements d’agression des poissons des mers tropicales. Ce sont des poissons multicolores qui déploient toutes leurs couleurs lors de parades précédant les combats.

Comment se produisent les combats ? Dans quelle situation ? Jusqu’à quelle fin ? Pour défendre un territoire, une portée, conquérir une femelle. Lorenz ne s’intéresse qu’aux agressions intra spécifiques – l’intérieur d’une même espèce – excluant donc de son champs d’étude les pratiques de chasse. Il trace un tableau assez déprimant des rapports de forces si on s’aventure à en s’en donner à soi-même une lecture anthropomorphique.

Il passe dans les chapitres suivants de ses poissons des mers du sud à ses oies cendrées de Poméranie, et dresse la liste des postures d’agressions du jars : de l’avertissement à l’agression.

Sa recherche l’amène à établir une relation entre les rituels, les danses de combat et les danses de séduction. D’après lui, un rituel de séduction est un rituel d’agression qui s’arrête très précisément à l’instant où le premier coup va atteindre son but. L’animal détourne son agression et c’est ce détournement in-extremis qui constitue la base de sa parade nuptiale.

Pour tirer leur coup les oies retiennent leur premier coup – voilà un bien mauvais calembour pour résumer ce très instructif livre.

A l’origine notre projet était d’ailleurs d’étudier en parallèle aux clubs de sports de combat, les clubs de danse de couple afin de voir ce qui était de commun entre ses deux pratiques. Beaucoup de choses au reste, dans ces deux langages mettant en œuvre l’expression silencieuse des corps.

Le lecteur de Konrad Lorenz lira du coup avec intérêt l’interview d’A*** R*** (lutteur) dans le présent site, et notamment le passage où A*** explique qu’à son sens, deux combattants restés seuls enfermés dans une salle cessent leur affrontement sitôt disparu leur public.

Lorsque la Providence en vient à enfermer Robinson dans la même île que Vendredi, on observe le même phénomène. Quelle que soit leur méfiance réciproque, les deux hommes évitent de se combattre. Ils finissent même par collaborer. Quel lien se tisse réellement entre ces deux exilés ? C’est une question qui excède le champ de curiosité de notre Cercle, mais qui mérite d’être posée.

Bibliographie

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