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Jacques Henric - Boxe

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Le danger de lire tout ce qui a trait à la boxe – et ça en remplit des rayonnages – c’est de tomber parfois sur des objets aussi farfelus que ce Boxe de Jacques Henric.

L’auteur n’a rien d’un énergumène. Jacques Henric est publié dans les meilleures maisons. Il fut enseignant. C’est un homme sérieux à qui il semble, à la lecture de Boxe, n’être survenu qu’un seul gros problème dans la vie. Un copain d’école, une brute affublée d’une bite à la longueur remarquable, un matin, sur le chemin de retour de l’école, lui a allongé un coup de poing. Jacques Henric n’a pas su se défendre. Il est demeuré comme deux ronds de flanc devant son camarade ricanant, et remâche depuis lors son humiliation.

Voilà un excellent début de livre, voire de carrière de boxeur : c’est parce qu’il n’avait pas su défendre son vélo dérobé par des jeunes malfrats de son quartier que le petit Cassius est devenu Mohammed Ali.

Mais Henric n’est pas devenu boxeur. Il est devenu écrivain, et rien ne l’aurait ramené à ce pugilat avorté, si Tiozzo – l’ancien boxeur devenu organisateur de combat – n’avait souhaité voir Henric écrire le récit d’un improbable combat qu’il voulait monter à Kinshasa pour le retour sur le ring de Jean-Marc Mormeck. Le combat n’a jamais lieu, et Henric demeure à nouveau gros Jean comme devant avec ses cahiers griffonnés de ses conversations avec le boxeur, et les rayonnages de sa bibliothèque couverts d’ouvrages sur la boxe. La meilleure partie de ce livre - à part le leitmotiv du coup de poing primordial - est sans doute dans ses citations de Joyce Carrol Oates, Jack London et autre auteurs si excellents que nous les avons aussi élus pour trouver place dans le présent site !

L’auteur ne s’arrête pas là. Dans le secret de son cabinet, l’écrivain visionne des heures de combats, et finit par s’avouer sa fascination pour le noble art.

Là où l’entreprise du littérateur s’avère vraiment surprenante, c’est que jamais durant toute sa plongée dans le monde pugilistique ne lui vient l’idée d’assister à un vrai combat, ni de pousser la porte d’aucun club de boxe, ni évidemment de chausser ses gants. Sa connaissance de la boxe est une pure connaissance de cabinet, ce qui est assez unique en son genre.

C’est dommage. Avec internet, maintenant, il est très facile de retrouver ses condisciples. Muni d’un peu de science du coup de poing, il aurait pu reprendre mieux armé sa conversation avec le crétin à grande bite.

Le pacifisme de Jacques Henric n’est donc pas un produit de circonstance, mais une conviction profonde ancrée dans une pratique continue d’abstention de la violence et d’étude qui doit être saluée comme telle.

Pour me faire pardonner ces lignes à l’ironie facile, je recopie ci-dessous quelques citations de l’ouvrage de Jacques Henric, et invite le lecteur à aller y voir lui-même plus loin s’il le désire.

Polemos et agon

Boxe

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