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Daniel Rondeau Boxing club - Le Boxing club de Commercy

Page 3 sur 4: Le Boxing club de Commercy

Il faut que je cesse de pointer les aspects gentillement ridicules de Rondeau à qui un entraineur glissa un jour qu’ils mettaient les gants ensemble dans les jardins de l’ambassade de France à Malte « C’est un peu n’importe quoi, M. l’Ambassadeur », pour dire ce qui me touche dans ce livre et pourquoi il me semble pertinent d’écrire cette note à son sujet.

Ce « pourquoi », c’est simplement le titre, Boxing club, le club de Commercy dont Rondeau trace un tableau émouvant, ainsi que des portraits justes, admiratifs et saisissants de ses boxeurs et au premier cher de leur entraineur, Jérôme Vilmain.

Nous entrons dans un monde de province où les boxeurs travaillent dans les vignes ou les caves, tous employés le jour chez Moët et Chandon et bénévoles le soir. Nous découvrons une société paternaliste, considérant la dureté de la vie ouvrière comme un état des choses intangible, une France éternelle, provinciale et rassie où le seul échappatoire est le club de boxe, la fraternité qui s’y tisse et l’espoir d’un répit par les poings. Nous découvrons aussi une petite ville traversée par les mutations ultra contemporaines, et le déplacement non des villes construites à la campagne, mais des cités dans les vignes.

Tous les portraits de boxeurs dressés par Rondeau sont attachants et porteurs de paradoxes, de fêlures, de complexités prouvant que l’auteur, s’il admire leur art et leur courage, pour misanthrope qu’il prétend être les considère sans condescendance ni héroïsation, à hauteur d’homme avec qui il finit par partager beaucoup d’heures côte à côte.

Je n’évoquerai donc qu’un seul de ces portraits : celui de Mayé Cissé, l’ « Elfe noir » du Boxing Club d’Épernay, papillon dansant comme Ali, insolent comme Panama Al Brown, et incapable de s’empêcher de rire en boxant. Cet espoir de la boxe a vu sa carrière brisée lors d’une rixe à la sortie d’une boite de nuit : s’interposant entre un vigile et un type armé d’un fusil à canon scié, il reçut une décharge dans sa main qui écartait l’arme. Rondeau demande à le revoir. Cissé le reçois dans son appartement, dans la cité. Que fais-tu à présent, lui demande Rondeau ? – des petits boulots, lui répond Cissé. J’envois des CV. Je traine dans la cité. Je lis des livres. – Quels livres ? – Céline (Nord, Bagatelle pour un massacre), Franz Fanon (Les damnés de la Terre), Hitler (Mein kampf), Alexandre Dumas (les trois mousquetaires). Et Rondeau de repartir sonné –quoi qu’il n’en dise rien – par cette bibliographie menée par un jeune homme qui récuse être antisémite, et déclare que Céline a mis « son talent au service du mal », cette vie brisée par un geste d’altruisme, ce boxeur qui n’arrive pas à revenir à l’entrainement, cette errance dans les parking de la cité de rendez-vous ratés en rendez-vous ratés.

A propos de bibliographie, celle qui conclut « Boxing Club » est plutôt bien faite. Si bien faite qu’elle épouse presque exactement celle du présent site. Et son livre est émaillé de citations, que je livre ci-dessous et qui livrent un dessin en creux de ce qui fascine Rondeau comme beaucoup dans la boxe.

citations de citations extraite de Boxing Club

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