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Daniel Rondeau Boxing club - Daniel Rondeau

Page 2 sur 4: Daniel Rondeau

Daniel Rondeau est un habitant de cette vieille France champenoise que chantait De Gaulle dans sa retraite de Colombey-les-deux- églises. Il a milité dans ses jeunes années à la Gauche Prolétarienne, puis dirigé le service culture de Libération avant d’entrer dans la carrière (la carrière tout court comme on dit en Vieille France pour parler de la carrière diplomatique). Il semble donc un parfait exemple de cette gauche passée du col mao au Rotary Club. Les clubs, il aime bien d’ailleurs Rondeau, trop faraud qu’il était d’être reçu au Sporting Club d’Alexandrie, ou dans les salons de l’aristocratie caduque de cette ville à la dérive, comme il l’évoque dans un de ses nombreux livres consacrés à ses voyages semi-culturels et semi-mondains, salués par un prix, le prix Paul Morand, autre littérateur voyageur et nostalgique éternel de l’ancien régime. Dans son livre consacré à Alexandrie, entre deux soirées dans les salons décatis de l’aristocratie levantine, Rondeau racontait s’être rendu sur le site de la bataille de Bir-Hakeim en taxi, puis, désemparé devant les tombes abandonnées des soldats des forces françaises tombées là, s’être mis au garde à vous pour une minute de silence sous le regard dubitatif de son chauffeur fumant une cigarette à l’ombre.

Cette longue présentation de Daniel Rondeau pour dire que je fus plutôt étonné de voir Saïd, l’entraineur du Boxing Beats, me passer l’autre jour son livre, intitulé « Boxing Club » en me disant avoir rencontré son auteur lors d’une émission de radio à laquelle tous deux étaient invités.

Sur la quatrième de couverture, je découvre que Rondeau a commencé à boxer sur le tard, à cinquante-cinq ans, activité qu’il pratique assidument depuis dix ans. Et je me dis que je partage plus d’un ridicule avec lui, puisque, si je me suis gardé de la GP, de Libé, et de la carrière, j’ai frayé dans les mêmes salons alexandrins, lut la geste gaulliste sur la seconde guerre mondiale, et pratique de façon tout à fait désespérée et tardive le noble art.

J’espérais donc quelques encouragements en direction des quinquas aspirants boxeur.

Rondeau pratique la boxe avec une certaine singularité : il boxe en solitaire. Misanthrope revendiqué – l’observation de nos semblables rassemblés à la Gauche Prolétarienne, à Libération, dans les ambassades n’est pas un grand encouragement au commerce humain, apparemment – Rondeau demande à Jérôme Vilmain, entraineur au Boxing Club de Commercy de lui donner des cours particuliers de boxe, le préservant ainsi de la fatigante promiscuité de ses semblables. Rondeau trimballera par la suite son sac de frappe depuis sa grange champenoise glacée, au jardin de son ambassade à Malte en passant par le pont arrière d’un navire école de la Royale (en Vieille France, on appelle la marine nationale, La Royale).

Le Boxing club de Commercy

Boxe

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