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A Fighter's Heart: One Man's Journey Through the World of Fighting, de Sam Sheridan, Atlantic Monthly Press, 2007

A Fighters Heart cover

Après des études à l’université, et différents petits métiers qui l’ont fait voyagerautour du globe, Sam Sheridan a décidé de laisser libre cours à l’obsession qu’il retenait en lui depuis  longtemps : le combat. Il raconte sa quête personnelle pour apprendre et comprendre le combat et ses rencontres avec des hommes qui ont dédié leur vie à se battre sur des rings ou dans des  cages.  Il ne s’agit donc pas à proprement parler d’un livre sur le MMA, mais d’un parcours initiatique qui – de l’apprentissage de la Boxe Thaï en Thaïlande à l’intégration d’un club dur de MMA dans l’Iowa en passant par la Boxe Anglaise, le Jujitsu au Brésil, les combats gagnés et les perdus, les blessures, et même les combats de chien ou les combats chorégraphiés des studios de Hollywood –  explore les interrogations relatives à l’envie (et au besoin) de se battre, comme celles relatives à l’amour et l’attrait du spectacle de la violence qui sont au cœur des sports.
C’est un livre très riche, sans cynisme ni ironie, parfois poignant, souvent effrayant. Plus proche de Hubert Selby Jr. que de Hemingway (le style en moins).

On  a traduit quelques extraits  ici :

Un cœur de combattant (extraits Chap. 2)

Un cœur de combattant (extraits Chap. 3)

Un cœur de combattant (extraits Chap. 5)

Un cœur de combattant (extraits Chap. 9)

Fighting for Acceptance: Mixed Martial Artists and Violence in American Society. Par D. T.Mayeda & D. E. Ching, Lincoln, NE (USA): Iuniverse Inc. 2008

FightingforAcceptance Ce livre est le résultat de la première étude sérieuse (à ma connaissance) menée par David Mayeda et David Ching auprès d’athlètes de MMA. Il questionne les aspects politiques et sociologiques du sport qui a sans doute la croissance la plus rapide et la réputation la plus controversée dans la société américaine. Il aborde notamment la question de la violence, de ses représentations dans l’histoire des sports et de leur influence dans la société américaine.

David Mayeda est un sociologue américain, formé à l’Université d’Hawaï et professeur à l’université d’Auckland. Ses recherches tournent principalement autour de la prévention de la violence des jeunes, la sociologie du sport, les rapports de la justice et des mineurs, les masculinity studies, les gender studies, le racisme et le colonialisme… Il est également fan de MMA et combattant occasionnel.

Quelques passages du livre traduits ici: Combattre pour être accepté (extraits)

A consulter également: quelques articles choisis de Mayeda disponibles sur le net.

Iliade-Homère- chant XXIII

pugilisteÀ l’occasion des funérailles de Patrocle, des jeux sont organisés par les guerriers achéens en son honneur. Les épreuves se succèdent : course de char, course à pieds, lancer de poids et ce qui retient notre attention : pugilat et lutte. La description du pugilat « le terrible jeu du pugilat » est courte et violente. On comprend que l’équipement comportait des lanières de cuir dont étaient lacées les mains. Leur fonction était inverse des gants actuels. Elles étaient mouillées, séchées pour être rêche, coupante et ouvrir les chairs lors des coups. Le temps du combat n’était pas limité, et le vainqueur était celui qui parvenait à mettre son adversaire KO.

Dans ce combat, le favori, le terrifiant Épéos vaincra Euryale dont on peut louer à quelques millénaires de distance le courage !

Le texte ci-dessous est celui de la traduction de Jean-Baptiste Dugas-Montbel.
Il est suivi d’un très court combat de lutte (les pénibles jeux de la lutte)

 

Achille s’avance dans la nombreuse assemblée des Grecs, après avoir entendu les louanges du fils de Nélée. Alors il propose les prix pour le terrible jeu du pugilat ; il conduit et attache dans le cirque une mule robuste de six ans, qui n’a point encore été sous le joug, et qui sera difficile à dompter ; ensuite il apporte pour le vaincu une coupe à double fond, et, debout au milieu de l’enceinte, il parle ainsi aux Argiens :

« Atride, et vous, Grecs valeureux, ordonnons que, parmi les plus braves, deux hommes vigoureux s’avancent, et qu’avec le poing tous deux se frappent en élevant les bras. Celui auquel Apollon donnera la victoire, et que tous les Grecs auront reconnu, conduira dans sa tente cette mule infatigable ; quant au vaincu, il recevra cette coupe à double fond. »

À l’instant se lève un héros d’une grande force et d’une taille élevée, le fils de Panops, Épéos, habile au pugilat ; il saisit la mule vigoureuse, et s’écrie :

« Qu’il approche celui qui désire cette large coupe ; je ne pense pas qu’aucun des Grecs prétende enlever cette mule en triomphant au pugilat, car je me glorifie d’être le plus fort. N’est-ce pas assez que je ne sois qu’au second rang dans les batailles? Il n’est pas donné à l’homme d’exceller en toutes sortes de travaux. Mais je le déclare, cela s’accomplira ; je déchirerai le corps de mon rival, et briserai ses os. Que ses compagnons se rassemblent en foule autour de lui pour l’emporter quand il sera vaincu par mon bras. »

Ainsi parle Épéos, et tous gardent le silence. Le seul Euryale s’avance, semblable à un dieu, Euryale fils de Mécistée, issu du roi Talaïon, et qui jadis se rendit à Thèbes quand on célébrait les funérailles d’Oedipe : là il vainquit tous les enfants de Cadmos. Le vaillant Diomède l’accompagne et l’encourage par ses discours ; car il désire qu’Euryale soit vainqueur. Il l’entoure d’une large ceinture, et lui donne de fortes courroies, dépouille d’un bœuf sauvage. Les deux rivaux, entourés de leur ceinture, s’avancent dans l’arène ; ils lèvent à la fois l’un contre l’autre leurs bras vigoureux, qui tombent ensemble, et leurs mains pesantes se confondent. Le bruit de leurs mâchoires se fait entendre, et de toutes parts la sueur coule de leurs membres. Mais Épéos se précipite et frappe à la joue Euryale, qui cherchait à l’éviter ; celui-ci ne résiste point à ce coup, et ses membres robustes se dérobent sous lui. Ainsi au souffle frémissant de Borée, le poisson s’agite sur l’algue du rivage, où le recouvrent les vastes flots ; de même s’agite ce guerrier blessé. Alors le magnanime Épéos le prend par la main, et le relève : les amis d’Euryale s’empressent autour de lui, et l’emmènent à travers le cirque, où ses pieds traînent dans la poussière ; il vomit un sang noir, et sa tête se balance des deux côtés ; enfin il s’évanouit entre les bras de ceux qui le conduisent. Cependant ses compagnons s’emparent de la coupe à double fond.

Donc si le pugilat est "terrible", la lutte elle, est "pénible". C’est aussi le lieu de la ruse, et donc un sport auquel s’adonne Ulysse aux mille ruses.

Le fils de Pélée montre ensuite aux enfants de Danaos les troisièmes prix destinés aux pénibles jeux de la lutte ; il réserve pour le vainqueur un trépied destiné au feu, les Grecs l’estiment valoir douze bœufs : pour le vaincu il place dans le cirque une captive, habile en toutes sortes d’ouvrages, et qu’on estimait valoir quatre bœufs. Debout, au milieu de l’assemblée, Achille s’écrie :

« Approchez, ô guerriers qui voulez tenter la fortune de ce combat. »

Il dit : aussitôt se présente le grand Ajax, fils de Télamon, et se lève aussi le prudent Ulysse, fertile en ruses. Tous deux, entourés d’une ceinture, s’avancent dans le cirque et s’embrassent l’un l’autre de leurs mains vigoureuses. Telles sont au sommet d’un édifice deux fortes poutres qu’un ouvrier habile à réunies pour braver l’impétuosité des vents. On entend leurs dos craquer sous l’effort de leurs mains entrelacées ; ils sont baignés de sueur ; des tumeurs empourprées de sang s’élèvent sur leurs flancs et sur leurs épaules : tous les deux désirent avec ardeur la victoire pour obtenir le superbe trépied. Ulysse ne peut ébranler ni terrasser son rival, Ajax ne peut triompher de la force d’Ulysse. Mais lorsqu’ils sont près de lasser la patience des valeureux Grecs, le fils de Télamon s’écrie :

« Noble fils de Laërte, astucieux Ulysse, ou enlève-moi, ou que je t’enlève moi-même ; Zeus prendra soin du reste. »

En parlant ainsi Ajax soulève son rival ; mais Ulysse n’oublie point la ruse : avec son pied il frappe Ajax au jarret, lui fait plier les genoux, le renverse et tombe sur le sein du guerrier : toute l’armée est frappée d’admiration et d’étonnement. Ulysse, à son tour, veut soulever Ajax ; mais à peine lui fait-il perdre la terre, il ne peut l’enlever ; ses genoux fléchissent ; tous les deux, près l’un de l’autre, tombent sur l’arène et sont souillés de poussière. Déjà ils se relevaient pour lutter encore ; mais Achille s’approche, et, les retenant :

« Ne luttez pas davantage, leur dit-il, ne vous fatiguez point à ces combats si funestes : la victoire est à tous les deux ; recevez des prix égaux, et que les autres Grecs combattent à leur tour. »

Il dit ; et les deux guerriers obéissent à sa voix : ils enlèvent la poussière dont ils sont couverts, et reprennent leurs vêtements.

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Interview de Sara (boxeuse)

Interview de Sara à la salle de boxe de Blanc-Mesnil le 29 mai 2017

Sara est une jeune boxeuse. Elle a découvert cette passion il y a un an. Cette année elle passe le bac. Elle veut atteindre le haut niveau en boxe. Alice, sa mère, fait partie du même club (Esprit Libre) en tant que boxeuse mais aussi entraineure.

 

Est-ce que tu te rappelles la première fois où tu es rentrée dans une salle de sports de combat ? Est-ce que tu peux me raconter ?

Mon premier sport de combat ça a été le judo. J’étais toute petite. C’était dans un dojo à Bobigny, tout ce qu’il y a de plus banal.

Avant chaque rentrée, on recevait dans notre boîte aux lettres un petit livret avec tous les sports de la ville. Chaque année je le feuilletais avec ma mère pour choisir un sport, vu que je changeais tout le temps de sport ou presque. J’hésitais entre la capoeira et le karaté, le taekwondo et le judo. Je voulais un sport de combat dans tous les cas. Je ne sais plus pourquoi j’ai choisi le judo. Je crois que je trouvais que c’était le sport le plus complet pour mon âge. Je venais de faire de l’équitation et de la natation, donc je me suis dit : autant changer. Ma mère aussi voulait me faire découvrir de nouveaux horizons donc je me suis dit : « Pourquoi pas un sport de combat ? »

Quand j’ai commencé je devais avoir six ans. J’en ai fait un an ou un an et demi, et j’en ai refait un an quand j’avais onze ans.

J’ai aussi fait du multisports, donc j’ai déjà fait du rugby, du baseball, des choses comme ça. Et jouer dehors au foot.

Qu’est-ce qui est différent pour toi entre un sport d’équipe, un sport individuel, et un sport de combat où on est à deux ?

Un sport individuel, tu ne comptes que sur toi, sur tes propres compétences, alors que pour un sport d’équipe, il faut compter sur toute son équipe, il faut s’adapter. Un sport de combat ce n’est vraiment que toi. C’est toi et toi. Après ça se joue avec ton adversaire.

On peut mieux évaluer son niveau, ses compétences, son évolution au cours d’une année. Moi perso je préfère. Pour moi c’est plus difficile de se faire évaluer dans un sport d’équipe, quand on n’a pas forcément l’équipe de rêve. Je ne trouve pas ça juste.

En sport de combat, il faut s’adapter à son adversaire bien sûr. C’est du travail. Tu t’adaptes à ton adversaire pour gagner mais ce n’est pas un handicap, au contraire. Alors que je trouve que dans les sports collectifs la plupart du temps c’est un handicap. Tu dois t’adapter aux autres mais au final tu n’es pas au meilleur de tes capacités.

Quand as-tu commencé la boxe ?

L’année dernière.

L’année d’avant, j’allais le samedi à Bobigny avec ma mère.

Quand je suis rentrée dans la salle de boxe à Bobigny, c’était impressionnant ! C’était vraiment impressionnant parce qu’elle est super grande, on voit le ring, on entend les bruits de sac, franchement c’est motivant.

Ma mère était ici (club Esprit Libre à Blanc-Mesnil) depuis trois ans, mais le samedi ils ne pouvaient pas toujours faire cours ici, donc ils allaient à Bobigny. Vu que j’habite à Bobigny, elle m’emmenait. Je ne faisais pas de sport l’année où elle m’emmenait – enfin si, je faisais de l’équitation- . L’année qui a suivi, c’était l’année dernière, je me suis dit : « Autant faire de la boxe », vu que je ne savais plus trop quoi faire. J’aimais bien, mais ça ne me captivait pas plus que ça. J’y allais pour y aller. Ce n’était pas ma grande passion. J’y suis allée de temps en temps, j’ai dû y aller huit fois dans l’année.

L’été dernier, pendant le ramadan je venais m’entrainer ici et j’ai bien aimé. Je ne sais pas pourquoi d’ailleurs. J’ai bien aimé, je trouvais ça pas mal, même de s’entrainer quand on était à jeun, je ne trouvais pas ça fatigant, je trouvais ça intéressant. Sachant que ma mère est dans le milieu et qu’elle ne parle que de ça je me suis dit : « Je vais me mettre à boxe. » Ma mère m’avait dit : « Fais-en si tu veux. » J’avais répondu : « Oui, je vais voir. »Je ne savais plus trop quoi faire comme sport. Je détestais le sport, franchement. Je me suis dit : « Autant faire de la boxe. »

Je détestais vraiment le sport. J’en ai fait plein, mais je n’étais super pas sportive. Quand je faisais de l’équitation par exemple, je n’étais pas sportive. Je le faisais, j’aimais bien, mais c’était plus parce que j’aimais les animaux et l’ambiance. Je n’étais pas sportive, je détestais ça, je ne pouvais pas courir plus de dix minutes. Au sport, j’essayais tout le temps de trouver des excuses pour me faire dispenser, je détestais ! Je ne sais pas pourquoi. Parce que je me trouvais nulle, et je ne faisais pas le travail pour m’améliorer. Je ne travaillais pas ; du coup quand je devais en faire j’étais nulle ; du coup je n’aimais pas ; du coup c’était un cercle vicieux.

Donc après l’été, je me suis dit : « L’année prochaine, je ferai de la boxe. »

Et je m’y suis mise vraiment sérieusement.

Et au final, j’ai plus qu’accroché ; vraiment.

Le plus étonnant c’était que je me découvre des capacités. Franchement. J’ai découvert que je pouvais être souple, endurante un minimum. Ça me donnait une motivation, même par exemple pour perdre du poids. Avant quand j’essayais je n’y arrivais pas et là, je ne perdais pas du poids pour moi, mais pour augmenter mes capacités. Je me disais : « Si je perds du poids, je pourrais encore plus faire ça, je pourrais devenir plus rapide… » Et au final, je mangeais équilibré, je ne mangeais plus autant qu’avant. Sans m’en rendre compte en fait. L’esprit de compétition aussi … Oui, c’est ça qui a changé. L’esprit de compétition, c’est savoir pourquoi on fait du sport. Pourquoi on se dépasse. C’est vouloir se dépasser à chaque fois, et gagner. Je n’ai pas été confrontée vraiment en compétition, mais déjà le fait de se dépasser, presque de vouloir souffrir ! Mais d’aimer ça en fait ! Je trouve, oui, que c’est bizarre venant de moi. Je n’avais jamais senti ça. Pas du tout. Quand j’étais petite je faisais ça pour m’amuser, après j’ai détesté ça, et maintenant je sur-kiffe. Franchement, j’aime trop !

Je trouve que ma vie, elle s’est adaptée à la boxe ! Franchement ! Je ne pensais qu’à ça, je passais mes WE à des compétitions quand il y en avait, je ne regardais que ça, je ne m’intéressais qu’à ça. Ça a changé vraiment tout : mon alimentation, ma façon de penser. Oui, ça a vraiment tout changé. Je ne suis pas comme avant, je ne suis pas aussi faignante qu’avant. Je ne me considère pas comme sportive, mais je sens que je peux le devenir. Ça redonne franchement confiance en soi. Je trouvais que les sportifs avaient trop confiance en eux, mais maintenant je comprends pourquoi ; parce que tu te vois évoluer, tu le sens, et c’est ça qui est bien.

Au début de cette année, tout mon temps était consacré à la boxe. Après on m’a interdit de venir aux entrainements, on m’a dit que c’était du surentrainement. Je venais quatorze heures par semaine, j’enchainais parfois deux entrainements, quatre heures d’affilée, je ne mangeais quasi rien, je n’étais pas dans l’anorexie mais je mangeais moins, je travaillais. Je dormais plus, ça, je dormais plus ! Mais je boxais vraiment beaucoup plus : ils me voyaient tout le temps ! À un moment, Farah et Paly (entraineurs) sont venus me voir, ils m’ont dit : « On t’interdit de venir. Pendant deux-trois jours, on ne veut plus te voir. » Ça prenait tous mes loisirs, je n’allais pas aux anniversaires de mes potes parce que je me disais : « Je risque de manger, de prendre du gâteau ou des boissons. » Je ne sortais pas parce que je savais que j’allais manger ou parce que j’allais m’entrainer. Combien de fois j’ai loupé des sorties au parc d’attraction à Disney pour venir aux entrainements ou aux compétitions ! Oui, ma vie sociale au début de l’année, elle y est bien passée ! Au début c’était trop, vraiment. Après je me suis dit : « Il faut peut-être être plus rationnelle dans ce que je fais. » Je me suis plus raisonnée.

La seule fois où j’avais senti ça avant, c’était quand j’étais à fond derrière la cause animale, que j’étais devenue végétarienne, et que je ne pensais qu’à ça. C’était entre mes 11 et 14 ans. C’est les deux seules fois où ça me l’a fait vraiment : ça et la boxe.

Pour la boxe, j’espère que ça durera infiniment. J’aimerais bien élever mes enfants dedans.

Tu as déjà fait des compétitions ?

Non. Mais je suis allée en voir. J’aime trop, clairement ! Cette année, je devais en faire. Je m’étais inscrite, on m’a disqualifiée à cause de ma tenue. Mais vraiment c’est trop bien, j’aime trop l’ambiance, comment ça rend les gens, franchement. On est pire que solidaires, les personnes qui combattent elles kiffent ça… Je pense que ce qui est le mieux, c’est la préparation. Je suis contente de l’avoir vécue, parce que c’était trop bien ! Tu sais pourquoi tu t’entraines, tu t’entraines corps et âme, tu manges super bien, tu as du soutien, ça le mieux. Clairement, une fois qu’on m’avait disqualifiée, pendant une à deux semaines je venais à l’entrainement, mais je n’avais plus de motivation. J’ai recommencé à manger comme je mangeais avant, j’avais complètement perdu ça. Après, on est revenu me voir, me dire que ça ne servait à rien de baisser les bras. Donc je continue, mais dans le but de combattre plus tard, parce que sincèrement, si je n’ai pas ce but-là, je ne vois pas pourquoi je le ferai. Je ne pourrais pas en faire qu’en loisir.

Tu dis que tu veux que ça dure en boxe. Est-ce que tu t’es donnée des buts, des objectifs ?

Comme tout le monde : m’améliorer. Mais vraiment j’aimerais atteindre un niveau excellent. J’aimerais pouvoir rivaliser avec mes coaches ! Ça serait trop bien. Et après, partir à l’étranger et réussir à faire des combats, des bons combats. Même rentrer en équipe nationale, ça serait trop bien !

J’aimerais que ça reste une partie de ma vie mais je n’ai pas envie que ce soit mon métier et que toute ma vie tourne autour de ça. Ceux qui sont trop dedans, ils n’ont plus aucune vie hormis ça, et je n’ai pas envie que ça soit ça. J’ai envie que ça reste un plaisir, un loisir, mais que j’atteigne un niveau vraiment excellent, oui, ça serait bien.

Pour ça, il faut du mental. Et de l’entrainement. C’est tout. Quand on a le mental on a tout le reste : la motivation pour aller s’entrainer, la motivation pour bien manger, etc. Ça demande du mental, c’est tout. Avoir du mental, c’est arriver à comprendre pourquoi on se fait du mal. Parce que c’est un mal pour un bien. Il y en a plein qui détestent leur entrainement, même Mohamed Ali. Il a dit qu’il a détesté chaque minute de ses entrainements, mais qu’au final il savait très bien pourquoi il le faisait. Je pense que c’est ça, avoir du mental. C’est savoir pourquoi tu te restreins dans la nourriture, pourquoi parfois tu stoppes ta vie sociale, pourquoi tu dois t’entrainer. C’est ça, avoir du mental. Comprendre pourquoi on fait tout ça. Pourquoi on se prive.

Pour aller loin, clairement je suis prête à sacrifier ma vie sociale. Pas totalement, mais ce que j’ai fait au début de l’année, je pourrais le refaire. M’entrainer tout le temps, je pourrais le faire aussi, ce n’est pas quelque chose qui me dérangerait. Tant que j’ai un but, je ne vois pas où est le problème. Ce qui pourrait me freiner, c’est si ça met ma vie future en danger. Si ça perturbe mes études, ou ma santé. Si je vois que je commence à avoir des problèmes, je sais que c’est quelque chose qui pourrait m’en empêcher. Mais les dangers, tant que je ne les aurais pas vécus, je ne pourrais pas me dire : « Oui, je vais faire attention ».

Tu penses que le règlement va changer et que le voile ou une tenue adaptée va être autorisé aux compétitions ?

Ça me tient à cœur, mais je n’ai pas trop d’espoir là-dessus, parce qu’on a déjà eu les mêmes problèmes au foot, au karaté, dans plein de sports qui sont beaucoup plus réputés, donc je ne vois pas pourquoi ça changerait. Je me vois plutôt bouger à l’étranger pour faire mon sport. Clairement, ici, je n’ai pas trop d’espoir là-dessus.

À part Alice, ta mère, qui entraine au club, il y a d’autres personnes de ta famille qui font de la boxe ?

Tout le monde ! On fait tous de la boxe ! Ça vient de ma mère. Elle en fait depuis qu’elle est jeune et du coup mon petit frère a commencé ; à un moment, elle ne voulait pas que j’en fasse. Oui, bizarrement, c’est ce qu’on se disait aujourd’hui quand on arrivait. Quand j’ai eu dix ans, j’avais eu l’idée, je voulais en faire, j’hésitais entre le rugby, le foot et la boxe, c’était mon petit air garçon manqué, et elle ne voulait pas de la boxe. Elle me disait : « Non, tu vas te casser le nez… » . C’est bizarre, venant d’une boxeuse de dire des choses comme ça ! Et au final c’est elle qui m’a motivé à en faire ! Ma mère en a fait, mon petit frère en a fait, cette année mon tout petit frère en a fait, mon père en fait depuis deux ans et moi je suis arrivée en même temps que mon petit frère, un peu avant.

Mon père en fait plus pour travailler le cardio, ce n’est pas vraiment de la technique. L’année prochaine il compte améliorer sa technique ; mes deux frères c’est de la boxe française, ma mère est en full et moi j’ai plutôt fait du kick que du full cette année.

L’année prochaine je reste ici, il y a ma mère donc je viendrais souvent. Mais vu que je suis aussi chez les ados, et que la section s’arrête l’année prochaine, ils veulent nous transférer dans un club de thaï à la Courneuve. Du coup je me suis dit : « Pourquoi pas ? » Faire ça à côté et venir ici quand il y aura les entrainements spécial compétitrices.

La boxe la plus complète, c’est la boxe thaï. C’est indéniable. Je n’en ai pas fait beaucoup cette année parce que je n’ai pas trop eu l’occasion, mais je pense que c’est la meilleure ; tout le monde le dira. Celle que j’ai le plus pratiquée, que j’ai préférée, c’était le kick. L’année prochaine, je compte bien m’améliorer en boxe thaï. Mais bizarrement, quand je m’imagine boxer en pro, je m’imagine boxer en kick et pas en thaï. Peut-être parce que je n’en ai pas assez fait et que je n’arrive pas à évaluer mon niveau. Je ne sais pas. L’anglaise pour moi c’est à côté. Je pense que si tu arrives à faire du kick ou de la muay en ayant une bonne anglaise, tu pourras faire des combats en anglaise à côté, mais pas que de l’anglaise.

Tu regardes souvent des combats ?

Je ne suis pas trop combat de boxe, je préfère les combats d’UFC (combats de MMA). Les boxeurs, je préfère m’intéresser à leur vie. Je trouve que leur vie est plus passionnante que leurs combats. Je découvre grâce aux films, aux documentaires ou biographies, à leurs livres. Oui, c’est ça que je trouve le plus intéressant. C’est là que tu comprends bien leur mental. En regardant des combats, certes tu vas comprendre leur technique, mais pas comment ils sont arrivés à ça.

Actuellement j’aime bien Tony Yoka, en boxe anglaise. Après, Mohamed Ali vraiment, et en UFC, comme tout le monde, Conor McGregor ! Comme femmes, il y a la copine de Tony Yoka : Estelle Mossely. Et en UFC, je trouve que les meilleurs combats c’est les combats de femmes, clairement. Mais non, je n’ai pas d’idole. Je regarde, c’est tout.

Le MMA (Mixed Martial Art) c’est le sport le plus complet que je connaisse ! Franchement. Je n’aimerais pas forcément en faire, enfin en loisir peut-être, mais pas forcément être dans une cage ! C’est impressionnant, ce sport. Il demande… c’est du surentraînement qu’il faut pour réussir à faire ce qu’ils font. Ça me tenterait d’essayer. Clairement. Je vais déjà améliorer mon niveau de boxe, et si dans quelques années je suis bien, pourquoi pas dévier vers du MMA ? En tous cas, j’aimerais déjà réussir à avoir un très très bon niveau de boxe et pouvoir faire des vrais combats.

Par contre, je n’aime pas le jiu-jitsu, ni le grappling. J’aime les combats MMA en UFC, mais dès que c’est du jiu-jitsu ou du grappling, je trouve ça ennuyant. Même le judo. Le judo j’aime bien en faire, mais à regarder, je trouve que ça n’à rien à voir avec un combat de boxe. J’étais aux championnats du monde, il n’y avait que les meilleurs, la crème de la crème, je regardais, j’étais là : « Oui, OK, c’est bien mais sans plus. » Pour l’instant, je préfère me concentrer sur la boxe, parce que je n’ai pas encore atteint le niveau que je souhaiterais atteindre.

 

Kingdom, de Byron Balasco, 2014

kingdomsérie télévisée américaine, créée par Byron Balasco en 2014 etdiffusée en France depuis 2015 sur la chaine OCS Choc. La 2e saison est en cours de tournage.

C’est un drame familial sombre et violent dont l'action évolue dans le milieu du MMA et se déroule dans le quartier de Venice à Los Angeles.  On y suit les personnages dans leurs addictions et leurs relations tumultueuses, dans un univers hypermasculin où les rôles de femmes sont majoritairement à la périphérie (il mais il paraît que ça change dans la 2e saison). Comme le dit Byron Balsaco, créateur de la série, "Ce sont des hommes tourmentés, travaillés par leurs angoisses, mais qui préfèrent y échapper en entrant dans la « cage » (on appelle ainsi l'octogone entouré de grillage qui sert de ring au MMA). Là, ils trouvent un monde plus simple, binaire, où l'on est vainqueur ou vaincu. Un monde réconfortant, en un sens, face à la complexité d'un quotidien que beaucoup d'entre eux n'arrivent pas à contrôler". interview ici.

Présentation

Le cercle

Un projet de Corine Miretet Stéphane Olry La Revue Éclair

une exploration des clubs de sports de combat en Seine-Saint-Denis
en collaboration avec Sébastien Derrey

Une résidence de création du printemps 2015 à l’automne 2018 du Conseil Départemental de la Seine-Saint-Denis

qui donne lieu à :
une pièce d'actualité consacrée à la lutte avec Les Diables Rouges de Bagnolet
La Tribu des lutteurs
qui a eu lieu du 29 novembre au 16décembre 2016 à La Commune - Aubervilliers
un spectacle inspiré par la pratique du Kick-boxing avec les femmes du club Esprit Libre de Blanc-Mesnil
Mercredi dernier
joué actuellement dans 25 appartements de Seine-Saint-Denis avec le Théâtre de La Poudrerie à Sevran
un troisième volet inspiré par des enfants pratiquant la boxe au Boxing Beats, club de boxe anglaise d'Aubervilliers :
Boxing Paradise
qui sera présenté du 27 septembre au 7 octobre 2018 à la MC93 à Bobigny

 

Postulats

D'un coup direct je lui fendrai la peau

Je lui broierai les os

Que ses amis demeurent donc là

Tous ensemble

Pour l'emporter quand mes bras l'auront vaincu.

Iliade - Homère

 

Nos spectacles sur les sports de combat sont nourris par notre pratique : de la boxe anglaise pour Stéphane Olry, de la boxe pieds-poings pour Corine Miret. De cette pratique nous avons retiré sur les sports de combats les convictions suivantes :

- Il est peu d’instants où on prend autant en considération autrui que durant un combat. Le mépris pour son adversaire ou son partenaire est immédiatement sanctionné. Cette extrême attention pour autrui motive pour l’essentiel notre curiosité pour la pratique des sports de combat.

- Il existe une intelligence, un art, une écriture, une force et une finesse dans l’usage du corps dans le combat à deux. Cette intelligence des corps est précieuse et mérite d’être mise en lumière.

- La violence, l’agressivité, est une des fibres constituant l’être humain. Les sports de combat sont autant d’arts permettant de reconnaître, de connaître, d’apprivoiser, de maîtriser, de détourner, de métamorphoser, de sublimer cette pulsion.

- Le seul lieu où le combat répond à des critères d’égalité entre les combattants, (critères objectifs d’expérience, de poids, de durée de l’affrontement, de règles communes) est le champ clos du ring. Hors du ring, il faut bien le constater, la situation est déloyale, défavorable aux plus faibles, voire organisée pour maintenir cet état d’inégalité.

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- Tout combat est décisif. En ce sens le boxeur montant sur le ring a beaucoup à voir avec le comédien se produisant sur scène. L’un comme l’autre entrent alors dans une zone de vérité.

- Le débat entre ceux qui croient à la richesse du dissensus, et ceux qui croient au consensus ; entre ceux qui croient aux rapports de force et ceux qui les nient ou les refusent ; entre ceux qui se savent violents et ceux qui se sentent pacifiques – notre vocabulaire indique bien où penche notre cœur – ne sera jamais clos. Et c’est tant mieux pour ceux qui se plaisent à raconter des histoires sur un théâtre !

- Il n’y a pas de combat sans spectateur. Au 18° siècle en Angleterre, ce sont les spectateurs qui tenaient la corde du ring. En cas d’intervention de la police, ils lâchaient la corde et, acteurs comme spectateurs se dispersaient.

- Nul ne peut prétendre être indemne devant le spectacle de la violence, même réglée, sur le ring. Mais nul ne peut prétendre être indifférent : fascination et horreur, répulsion et sidération, plaisir et dégoût, enthousiasme et indignation : tous ces mouvements agitent le grand corps social des spectateurs, et traversent chacun dans son intimité.


Trois spectacles

Le mérite se manifeste clairement dans deux cas :

celui du combattant sur un autre combattant, celui du savant sur un autre savant.

Ibn Al Muqqafa – Kalila et Dimna

 

Dans un premier temps,notre enquête dans les clubs sportifs de Seine-Saint-Denis nous a permis de cerner nos centres d’intérêts.

D’abord, nous avons décidé de privilégier les sports de combats où la rencontre entre les combattants est décisive, au détriment des arts dit martiaux où cette rencontre est plus suggestive qu’effective.

Ensuite, nous avons choisi trois sports incarnés par trois clubs de Seine-Saint-Denis : la lutte avec les Diables Rouges à Bagnolet, la boxe anglaise avec le Boxing Beats à Aubervilliers, le Kick Boxing dans un club féminin du Blanc-Mesnil "Esprit libre".

Enfin, nous avons imaginé créer plusieurs spectacles distincts pour rendre compte de notre exploration. En effet, notre pratique nous a montré que d’un point de vue sportif, la lutte d’une part, et les sports de percussion comme la boxe de l'autre, ont des histoires et des pratiques très différentes.

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La Tribu des lutteurs

Aussi, devant la porte de la jeune mariée Enkidu et Gilgamesh s’empoignèrent-ils.

Et se battirent-ils, en pleine rue, sur la grand-place du pays,

si fort que les jambages en étaient ébranlés et que les murs vacillaient.

Épopée de Gilgamesh

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Dans La Tribu des lutteurs, nous montrons un entrainement de lutte, depuis l’échauffement jusqu’aux étirements en passant par l’apprentissage des prises et les séquences de combat. Nous voulons montrer la précision du travail et l’épuisement des corps. Cet entrainement, nous le prenons comme une œuvre en soi, un ready-made, d’une heure et demie environ, en demandant à la vingtaine de lutteurs des Diables Rouges (Club de Lutte de Bagnolet) de venir réellement s’entrainer publiquement chaque soir dans la petite salle de La Commune équipée à cet effet. L’entrainement est indépendant du flux des spectateurs : il commence et termine à l’heure convenue indépendamment du contrôle des billets, de l’entrée et de la sortie des spectateurs.

Il est aussi autonome tant que faire se peut, par rapport à ce qui se déroule théâtralement sur le plateau.

Deux protagonistes apparaissent et prennent la parole sur cette basse continue de l’entrainement.

- La femme sur le banc. Incarnée par Corine Miret elle dit un soliloque épousant par intermittence l’ensemble du spectacle. Son monologue intérieur est celui d’une femme qui, ayant pratiqué la lutte et la danse, se voit soudain, à la suite d’un accident, clouée sur ce banc, réduite au rôle de spectatrice.

Que reste-il d’un mouvement qu’on a fait des milliers de fois quand le corps ne peut plus le réaliser ? Sa place privilégiée sur ce banc lui permet aussi d’exercer un sens aigu de l’observation du quotidien du club et de tenir la chronique intime de cette tribu perdue des lutteurs.

- Un comédien intervient ponctuellement. Il interprète la prosopopée des objets qui constituent le quotidien des lutteurs : la balance (leur premier adversaire), la médaille (une femme ingrate), le maillot. Ces monologues sont au nombre de trois.

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Le spectacle se déroule ainsi, sur cette basse continue de l’entrainement ponctuée de monologues.

En parallèle, nous présentons une conférence inspirée par les fresques du site archéologique de Beni Hassan. Ces fresques datant de 1800 ans avant JC présentent des lutteurs combattant lors de séquences indépendantes les unes des autres. Cette conférence filmée présentée par Aurélie Epron et Guillaume Jomand, chercheurs à l'Université de Lyon 1, sera proposée aux spectateurs avant le spectacle.

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Le spectacle dure une heure et demie environ.


Mercredi dernier

Mon métier dans le monde, c’est de le regarder.

Le terrain de sport, c’est un lieu où l’autre, c’est autant que vous-même. A égalité.

Marguerite Duras

 

Corine Miret :

J'ai pratiqué le kick boxing un an durant au club Esprit libre au Blanc Mesnil. C'est un club non mixte, de femmes. Parrallèlement à mes entrainements, j'interviewais les femmes que j'y rencontrais sur leur pratique de la boxe.

Après avoir fait lire les interviews des femmes du club de kickboxing à Stéphane Olry, qui ne les avait – et pour cause – jamais rencontrées, il lui a paru pertinent de centrer l’écriture autour d’une interview spécifique.

Sirine, 29 ans, raconte dans cet entretien sa vie et sa volonté de retrouver le mental qu’elle avait à 19 ans lorsque le monde s’ouvrait à elle et que tout lui semblait possible. Dix ans plus tard, mariée avec trois enfants, elle retrouve soudain, lors d’un cours – celui de mercredi dernier – les mêmes sensations qui furent les siennes lors de sa jeunesse. Elle se sent sortir d’elle-même, objet ravie d’une métamorphose qui, le temps d’une séance de kickboxing, la sublime. Elle entrevoit un au-delà, un autre monde possible à atteindre par le travail du corps, l’entraînement, la sortie de ce que les sportifs appellent la « zone de confort ».

Mercredi dernierest le récit reconstruit, ré-écrit par moi de cette mue, ce possible offert à toutes.

 Neila et Farah Esprit Libre

Le spectacle prend la forme d’Une séance d’initiation à la transformation de soi menée par moi dans des appartements de Seine-Saint-Denis.

Cette séance à laquelle j’invite le cercle des spectateurs à participer dure une cinquantaine de minute.

La séance se déroule dans un appartement que je prend comme il est, pour y disposer les spectateurs. J’installe en quelques minutes le dispositif qui me permet d’animer la séance, c’est à dire un pupitre derrière lequel je me tiens et qui sert aussi à m’éclairer.

Je raconte aux participants ma rencontre avec les femmes de Seine-Saint-Denis. J’expose la nécessité où je me sens de faire connaître les aptitudes aux changements de soi que j’ai perçu chez elles. Je leur propose enfin une prise de conscience de leur corps pendant quelques minutes, que je guide à la voix (comment avez-vous posé vos pieds ? sur quelles parties de votre corps repose votre poids ? etc.).

Ensuite, c’est le cœur de la séance, je lis le récit de Sirine. Le texte est divisé en douze chapitres, entrecoupés d’une antienne chantée : Mercredi dernier, elle y est allée, mercredi dernier c’est arrivé. Je demande aux spectateurs de m'accompagner lors de la dernière chanson. Cette lecture est coupée par mes commentaires improvisés.

Je conclue la séance en proposant aux spectateurs une nouvelle prise de conscience corporelle, pour éveiller les spectateurs à ce qui a pu se passer – ou non – en eux concrètement, physiquement, durant l’écoute du texte. Mes dernières question sont : Avez-vous quitté votre zone de confort ? Êtes-vous disposé à tenter l’expérience de la transformation de vous-même ?DSC08835


Boxing paradise

La raison du plus fort est toujours la meilleure :

Nous l’allons montrer tout à l’heure.

Jean de La Fontaine – Le loup et l’agneau

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Stéphane Olry :

Depuis deux ans, je pratique la boxe anglaise au Boxing Beats, club d’Aubervilliers.

Cette pratique de vie est une forme d’écriture. Devenir boxeur est en effet une transformation du corps et du mode de vie, tentative qui serait assez désespérée au vu de mon âge si elle n’avait aussi une visée expérimentale et artistique.

Je photographie et filme régulièrement les entrainements, les compétitions, et la vie quotidienne du club.

J’y anime enfin tous les mercredis un groupe de soutien scolaire suivi par les enfants qui boxent dans le club.

J’accumule ainsi mon matériau d’écriture.

Mon but est de tirer un fil d’écriture entre l’entrée dans la carrière de boxeur, et sa sortie, les enfants et les vieux boxeurs

Boxing Paradise

Dans la fiction que je suis en train d'écrire, la salle de boxe est une métaphore des limbes.

Un ange, gardien de l’au-delà, accueille un boxeur agé à l'orée de la vie et de la mort.  "Je ne voyais pas les choses comme ça", s'étonne le boxeur. L'ange lui répond que le paradis prend la forme de ce qu'on a désiré le plus durant sa vie, conscienment ou non. Dans son cas, c'est un club de boxe. La question qui se pose est  : pourra-t-il ou non rester dans ce paradis? Sera-t-il renvoyé sur Terre? Précipité en enfer ? Sa vie, résumée dans sa courte carrière de boxeur, sera donc examinée pour en décider.

Le spectacle revient donc sur sa découverte de la boxe, et le temps qu'il a passé dans un club de boxe, comme un résumé de toute sa vie.

 Dans la mise en scène de Boxing Paradise, je prends le club de boxe comme décor cinématographique, en créant avec Cécile Saint-Paul (vidéaste) une installation formée d’images tournées dans le club de boxe.