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Interview de Houria (boxeuse-pratique le grappling)

Interview de Houria, à la salle de boxe de Blanc-Mesnil le 15 février 2017

Houria, maman de deux enfants, a commencé le MMA il y a deux à Sevran. Actuellement, elle prend les cours de boxe et de grappling au club Esprit Libre à Blanc-Mesnil.

 La toute première fois où je suis rentrée dans une salle de sport de combats, c’était avec mon ex-mari. Il voulait inscrire ses enfants à la boxe pieds-poings à Tremblay. À l’écart il y avait une salle fermée, je voyais beaucoup de filles en train de faire de la boxe, il y avait un peu tous les niveaux. Je voyais celle qui donnait les cours, et j’ai commencé à apprécier. C’est mon ex-mari qui m’a fait connaître les sports de combat par le biais des combats sur une chaîne télévisé et aussi parce qu’il faisait du grappling. Je le déposais à la salle de sport sans y rentrer. C’est comme ça que petit à petit je m’y suis intéressée. Et parfois à la maison il me faisait des prises qu’il apprenait.

J’avais fait du sport étant jeune. J’ai commencé à six ans. J’ai fait de la gymnastique, du tennis, de l’athlétisme, de la natation, de la GRS (Gymnastique Rythmique et Sportive), du volley. Et plus tard : le footing, les cours de fitness, la zumba. J’essaie de me maintenir en forme comme on dit.

La première fois que je suis allée pour en faire, c’était avec Farah (entraineure), l’année dernière pour le MMA (Mixed Martial Art). C’était au CLS (Club de Lutte de Sevran) de Sevran. J’ai tout de suite aimé. J’étais surexcitée. Je me disais : « Je vais peut-être commencer à mettre en pratique ce que mon mari m’a appris. » C’était une bonne ambiance. Je ne vais pas vous le cacher, vous voyez bien, je suis voilée, et c’était une opportunité pour moi et pas seulement de pouvoir faire ce genre de sport, sans forcément être avec des hommes, et sans être gênées. On était entre nous, entre copines, il y avait une très bonne ambiance et depuis, je suis toujours là et j’espère continuer.

Qu’est-ce que tu fais comme différences entre tous ces sports que tu as pratiqués ?

C’est très différent. Il y a toujours le même esprit d’équipe et de compétition, mais l’excitation et les sensations sont très différentes, elles ne sont pas palpables de la même manière. Pour ce qui est des sports de combat, c’est très tactile, par rapport à la gymnastique et la GRS. Par exemple, en GRS, c’est très individuel, même si il y a un esprit d’équipe, parce que quand on gagne c’est pour soi et toute l’équipe à la fois. A la boxe, c’est une satisfaction personnelle : on est seule face à une autre adversaire même si on a un coach qui nous entraîne. Et c’est une beauté différente. Je suis passée de la gymnastique, quelque chose d’assez gracieux, à un sport où on te rentre dedans, c’est un affrontement. Je ne dénigre pas les autres sports car ils m’ont beaucoup apporté aussi. Mais en fonction de notre âge, de notre évolution personnelle, mentale, on change. Peut-être que dans cinq ans vous allez me voir faire de la danse classique : allez savoir ! On change tous, on essaie de goûter un peu à tout, c’est ça que j’aime. J’aime tout ce qui est sport, pour le moment c’est les sports de combat, et j’espère que ça va durer longtemps !

Avec mon ex-mari, on regardait des matches, l’UFC (Ultimate Fighting Championship) sur RTL9. Avant, il les regardait avec ses potes, et quand on s’était mariés, c’était devenu notre soirée à nous. Le samedi ou le dimanche selon les combats, c’était nos petites soirées.

Ce qui m’intéresse, c’est comment les combattants, d’une situation à une autre, arrivent à prendre le dessus sur leur adversaire. On a l’impression que certains vont perdre mais au final ils arrivent à prendre le dessus, avec des gestes de corps à corps. Le MMA c’est une combinaison de lutte, de boxe, c’est magnifique, c’est vraiment complet. On faisait souvent des paris, on avait nos préférés. Je ne retiens pas les noms, c’est le visage que je reconnais. Je disais : « Ah lui, je l’aime beaucoup ! » Souvent, ils ont une corpulence qui ne donne pas du tout l’impression qu’ils peuvent maîtriser ou qu’ils sont champions, et quand on les voit, c’est magique. Encore une fois on se fait des petits rappels en se disant : les apparences sont trompeuses. C’est vrai qu’il y a parfois du sang, parfois des blessures, j’ai mal pour eux, mais je suis souvent scotchée à mon écran. C’est un moment d’excitation, ce n’est pas vicieux, ce n’est pas pour voir du sang, voir les choses du côté malsain, c’est vraiment pour voir la maîtrise, la technique, la persévérance. Il y a aussi les combats de femmes, qui sont arrivés un peu plus tard parce qu’il n’y a pas longtemps qu’elles sont vraiment médiatisées. Quand j’ai commencé à regarder les femmes en MMA, j’étais choquée parce que certaines femmes étaient encore plus combattantes et plus hargneuses que les hommes ! Je vois aussi l’organisation, les coaches -juste avant les combats - qui les soutiennent, la pesée. Il y a toute une ambiance. Ce n’est pas pour rien qu’on dit « art martial » c’est un vrai show, c’est une beauté différente, comme une danseuse classique quand elle fait ses pirouettes. C’est pareil pour les sports de combat. Je le vois comme un art, vraiment.

Est-ce que tu as déjà vu des compétitions en live ?

Non. J’ai voulu voir Noémie, et l’occasion ne s’est pas présentée, mais cela me plairait bien de voir quelques compétitions pour voir comment ça se passe et pour voir cette ambiance, cette énergie. Toute l’organisation.

Est-ce que tu en as fais ?

Faire des compétitions en boxe, j’aurais trop honte !

J’en ai fait dans les autres sports quand j’étais jeune et je me souviens que j’étais tétanisée ! Le fait qu’on me regarde c’est… Comme quand vous êtes à l’école : « Dissertation, venez au tableau ! » Dans les compétitions, bien qu’on soit en équipe, c’était chacun pour soit. Quand j’étais gymnaste, j’étais seule sur les agrès. Face à moi-même. Même en équipe on se sent seul devant tout ce monde…et revivre tout ce stress… non merci ce n’est plus pour moi.

Est-ce que tu as un rêve, un but, un objectif dans ce sport ?

Déjà, je voudrais passer les ceintures. Ça serait une satisfaction personnelle. Pouvoir me dire : « Houria, tu as réussi à avoir la ceinture orange, ou jaune ». Je voudrais arriver jusqu’à la ceinture noire dans le meilleur des cas, et pourquoi pas ? C’est un objectif. Petit à petit. Je prends le temps, je le fais pour moi, pas pour la compétition je n’ai pas un temps décrété. Si dans cinq ans j’ai la ceinture noire : tant mieux, si c’est dans dix ans et bien ça sera dans dix ans ! Je veux vraiment apprendre au maximum.

Mon idée c’était de continuer le MMA. Vraiment. Mais il y avait un petit souci avec le CLS et les cours se sont arrêtés. Farah et Miriame (entraineures) m’ont parlé de ce club (Esprit Libre à Blanc-Mesnil) et je suis venue ici et je continue à apprendre de la technique. J’apprécie énormément l’ambiance, vous avez vu comment on est.... Il y a de la compétition mais pas malsaine, c’est un soutien, on se motive, on est là à crier : « Oui ! On y arrive ! » C’est de la camaraderie, j’aime beaucoup. Il faut se motiver entre nous, pousser l’autre au meilleur, pour qu’elle puisse dépasser ses limites. Parce qu’il y a les limites physiques et les limites psychologiques, souvent c’est le mental qui fait barrage au physique. C’est pareil dans tous les sports : si vous n’avez pas le mental, c’est dur. Dans les arts martiaux, ça demande encore plus, parce qu’on pense ne jamais y arriver. Il y a tellement de techniques ! Au début on se dit : « Je n’arrive pas à me souvenir de tous ces mouvements » … Mais petit à petit, à force de voir ces mouvements, de les répéter, et bien ça rentre ! On se surpasse !

En MMA c’est plus complet, parce qu’il y a de la lutte, c’est très physique (même si la boxe a son lot de performance) on dégouline, on est au sol. Il faut savoir arriver à plat ventre ou sur le dos, retourner la situation, jouer de tout son corps, de tous ses muscles… C’est aussi mental que physique, il faut réfléchir : « Mon adversaire est sur moi, comment je peux me tirer de cette impasse ? Comment le redresser pour changer la donne ? » Il faut vraiment persévérer, il faut avoir un mental d’acier. Le grappling (techniques au sol en MMA) c’est autre chose. Au début on a beaucoup d’appréhension, mais quand on est dedans c’est surprenant! Parfois on part en éclats de rire parce qu’on se dit : « C’est quoi cette position ? » ou « Qu’est ce que tu nous fais ? … » Voilà ! Souvent on est comme ça, On est très bien aussi. J’aime ces deux disciplines, c’est très intense.

La boxe, ça demande beaucoup de patience. Pourquoi ? Parce que si les techniques se ressemblent, que c’est toujours les mêmes gestes, mon adversaire n’est jamais le même, et sa réaction n’est jamais la même, même si je fais cinq fois le même geste. C’est beaucoup d’observation, beaucoup de réactivité et d’anticipation. En boxe, on doit toujours calculer : « J’ai mis une droite, comment est-ce qu’il va réagir ? Il va me mettre un middle ? Un high-kick ? Il va répondre par un coup arrière ? » On est tout le temps dans l’observation, dans l’analyse des gestes de l’adversaire.

Les autres sports que j’ai pratiqués avaient leur beauté, mais on était tout seul, il n’y avait pas l’observation de l’autre, pas d’échange. Là, c’est un échange avec un adversaire. On communique, avec les poings, et les pieds. On essaie de le connaître. Que font les joueurs d’équipe ? Ils regardent les matches de leurs adversaires pour voir leur technique, leurs réactions. Pour apprendre de l’autre, pour pouvoir anticiper. Il faut apprendre de l’autre. Au tennis aussi il faut connaître son adversaire, c’est un échange. Si l’autre a des faiblesses avec son revers, c’est là qu’on va mettre la balle. C’est pareil pour la boxe : si l’autre baisse sa garde, on va donner des coups au niveau de la mâchoire pour lui mettre un K.O. et hop ! Je peux rentrer à la maison ! Mais le but, c’est aussi de faire du spectacle, c’est un art. Ce n’est pas : je viens pour le mettre K.O. et on n’en parle plus, j’encaisse mon chèque et je rentre chez moi. Non, c’est un art, c’est une grâce. Ici, parfois on n’est pas très gracieuses ! Parce que l’équilibre, il faut l’avoir ! Comme des danseuses, on se met contre le mur pour garder l’équilibre, avoir une posture, travailler des mouvements et surtout ses abdominaux.

Quand je regarde des combats, je vois les différences entre les combattants. Il y a ceux qui font toujours de la marche arrière, ils reculent beaucoup et attaquent peu. Ils ne sont pas là pour combattre, ils sont là pour gagner du temps à mes yeux. Ils font les combats limite à reculons. Ça m’agace ! Pour moi, il faut avancer, aller dans le tas je dirai, il faut y aller ! Parfois on sent que ça va être nul, que ça ne va pas être un grand combat. C’est un ressenti. Comme pour n’importe quel sport, on sait quand ça va être du SPECTACLE!

Certains combattants sont efficaces dans leurs mouvements, leurs gestes, et en plus avec une façon de faire qui fait que c’est beau, tout simplement. Comme un tir au but : quand vous voyez un milieu de terrain mettre un but alors qu’il est justement au milieu du terrain, on peut dire que c’est joli. C’est pareil quand quelqu’un met son adversaire K.O. avec un middle ou un high-kick. Comme on dit : « On ne parle plus ! » Il y a des prises magnifiques : des clés de bras ; plein de mouvements qui sont beaux quand ils sont bien réalisés, au moment propice. Ce n’est pas machinal. Il y a une subtilité qui différencie un geste d’un autre quand il est fait au bon moment.

Au début, je disais tout le temps : « Pardon ! Excuse-moi, je t’ai fait mal ? Pardon ! » Ça m’arrive encore parfois. Parce que je ne veux pas faire mal, je suis là juste pour m’entrainer. Si j’étais face à mon adversaire en compétition, je réagirais sûrement autrement. Je lui dirais : « Tu es là pour ça aussi, tu ne vas pas non plus m’épargner. » Mais ici je suis dans autre état d’esprit, j’apprends de mon adversaire, elle apprend de moi, pour améliorer et enrichir notre technique. Donc j’ai toujours peur de faire mal. Pourtant on paye pour prendre des coups, parce qu’on s’est inscrit pour faire de la boxe, pour recevoir des coups de poings et des coups de pieds. Mais c’est notre côté humain, on ne veut pas faire mal à l’autre. On fait des touches. Si je te mets un middle c’est pour dire : « Regarde, tu n’as pas ta garde, il faut que tu te protèges », si je réussis à toucher ton épaule : « Attention, c’est encore que tu n’as pas ta garde. » C’est le grand pilier la technique, il faut savoir l’assouplir, il faut savoir l’améliorer, sans la technique il n’y a pas vraiment de boxe.

Ici au cours, on a toutes des niveaux différents. Quand on boxe avec un débutant, on lui enseigne sans le vouloir, tout en apprenant d’elle. Et vice-versa avec ceux qui sont plus confirmés. On apprend d’eux comme eux peuvent apprendre de nous. On se donne des conseils : « Ah, ta garde ! ». Quand je vois Neïla, Miriame, Alice ou Farah (entraineures) en high-kick pendant 5-10 secondes, sans bouger pour bien expliquer, repasser au middle, à nouveau au high-kick… C’est juste magnifique ! Il y a vraiment du travail derrière, ça ne s’est pas fait tout seul !

Je voudrai transmettre ça à ma fille. Je l’ai déjà ramenée à plusieurs reprises au cours, elle était là mercredi dernier encore. Elle venait aussi tous les samedis avec moi avec Farah. Le premier cours auquel elle a participé, Farah nous apprenait une technique de soumission « l’étranglement », pour soumettre l’adversaire. Après, ma fille (elle a onze ans) me disait : « Maman, est-ce que je peux t’étrangler aujourd’hui ? » Elle a retenu ça. Elle avait vu le geste, comment j’arrivais à me remettre sur elle pour pouvoir la soumettre. Elle a beaucoup apprécié. Au début elle ne savait pas comment s’appelait ce sport, elle disait : « Là où on t’étrangle ! » C’était marrant. Elle ne connaissait pas, c’est moi qui l’ai amenée. Elle me voyait y aller, j’en parlais, et je montrais à mon fils aîné qui a quatorze ans aujourd’hui, que j’avais inscrit à des cours de boxe pieds-poings. Je m’entrainais un peu avec lui à la maison. Je lui disais : « Regarde ce que j’ai appris avec Farah ! » ; J’étais contente de le lui apprendre et ma fille voulait participer au cours, j’ai demandé à Farah si je pouvais la ramener pour l’initier, Farah a accepté. Donc, à chaque fois qu’il était possible, je la ramenais avec moi. Mon fils a arrêté parce qu’il a voulu s’essayer à l’athlétisme. Je les laisse toucher à tout. Ma fille fait aussi de la gymnastique mais maintenant elle veut que je l’inscrive à la boxe ! Je crois qu’on est tous atteints par le virus ! Avant que je me marrie, mes enfants faisaient du judo. Comme j’assistais aux séances, je voyais déjà que c’était une très bonne discipline et j’en étais impressionnée. Il y avait beaucoup de rigueur, c’était vraiment une éducation de la maîtrise de soi. Ça a été bénéfique parce que mon fils et ma fille étaient très actifs et ça a permis de mettre un côté zen, de prendre du recul, de ne pas s’exciter tout le temps. Il fallait écouter l’enseignant : « Quand on parle, on se tait ». Parce que souvent les enfants, bien qu’on dise : « On ne doit pas couper la parole», ils sont là : « Maman, maman, maman, maman ! » Le judo, c’était très carré, perfecto ! Au niveau discipline.

Je n’ai jamais vu mon ex-mari s’entrainer. Pourtant on était un couple de sportifs, on faisait du footing ensemble, on faisait plein de choses ensemble mais je n’ai jamais eu l’occasion. Il était dans un club à Aulnay, mais comme son travail le prenait beaucoup, il a dû arrêter et recommencer souvent. Ensuite il a payé un coach sportif, un grappleur. Mon ex-mari n’a jamais fait de compétition, il en fait vraiment pour le plaisir. Il préférait apprendre et pouvoir l’enseigner à ses enfants, à moi ou mes enfants.

Qu’est-ce que ça a changé pour toi, le fait de te mettre à un sport de combat ?

Il y a beaucoup de fierté personnelle, on se sent revalorisée. Parce que parfois, on se dévalorise, sans s’en rendre compte, à cause de la routine, de la vie, des aléas. Le fait de dire à des amis : « Je fais des sports de combat » : on voit les regards changer, mais ce n’est pas ma préoccupation. Mais très souvent, ça surprend ! Certaines personnes ne sont pas trop surprises parce qu’elles savent que je suis une sportive touche à tout. Mais ça surprend quand même car elles savent que je fais de la couture. Elles ne comprennent pas trop le lien. Comme l’image qu’on voit souvent d’une danseuse en tutu avec des gants de boxe. Une combattante gracieuse. D’un extrême à un autre. C’est différentes facettes qu’une personne peut avoir. Avec mes enfants je suis une ado, ici je suis la combattante, quand je fais de la couture je suis la couturière, la maman. On a plusieurs casquettes dans la vie, on a des facettes multiples, c’est ce qui fait qu’on est toutes différentes. C’est ça qui est beau aussi.

Ça donne beaucoup de confiance en soi. C’est bien. Dans plein de domaines, quand on commence un projet, qu’on aime, qu’on y arrive, on se sent bien, on est rassurée, on se sent fière de nous.

Je voudrais bien continuer avec d’autres disciplines. Si l’année prochaine il y a du MMA, je m’inscrirais, tout en essayant de continuer ici. Parce que j’ai beaucoup appris ici, c’est un art différent qui complète bien. J’aime bien apprendre un peu de tout. Il y a tellement d’arts martiaux ! Miriame m’en parle parfois. Je ne comprends pas d’où viennent tous ces noms. On dirait qu’il y a toujours une fusion entre deux arts martiaux qui en crée encore un nouveau.

Souvent on dit : « Les sports de combat, c’est pour apprendre à se battre. » C’est une manière de voir les choses. Il y a de bonnes ou de mauvaises raisons de faire des sports de combat. Mais combien de grands combattants ne se sont jamais bagarré ! Pourtant ils savent donner des coups. Pourquoi ils ne se bagarrent pas ? Parce qu’ils apprennent le self-control. On apprend à encaisser, physiquement, et verbalement -même si on ne s’insulte pas ici entre nous !-. On encaisse les coups donc on peut très bien encaisser les paroles. Souvent, certains, sachant qu’une personne fait des sports de combats cherchent à la titiller, à la provoquer. Elle sait très bien que d’un coup de poing elle peut les mettre K.O. mais elle garde son self-control. C’est beaucoup de self-control et ça c’est énorme. Ça développe aussi la patience ; la persévérance, l’écoute, l’observation, la réactivité, les réflexes…

Je me suis bagarrée une ou deux fois dans ma vie. J’y étais contrainte, vraiment. Je ne suis pas fière de moi parce que ce n’est pas l’exemple que je veux donner à mes enfants. Mais malheureusement on est dans un monde où comme on dit : « Le coup, il vaut mieux le donner que le recevoir. » Donc sans le vouloir on arrive parfois à ce cas extrême qui est de devoir se battre, pas pour sa survie, mais pour diverses raisons : « Pour m’être battue il a fallu me pousser à bout et pourtant je suis patiente ». Tout ça c’était il y a bien longtemps. Certains apprennent les sports de combat pour de bonnes raisons, c’est à dire l’art, la beauté de ce sport, et d’autres pour de mauvaises raisons, pour apprendre des techniques et les appliquer à l’extérieur. C’est deux mondes différents, deux catégories de personnes différentes. Je ne suis pas pour cette deuxième catégorie, je suis pour la beauté de ce sport.

En cas d’agression, c’est très différent, les techniques sont très différentes. Il y a des cours de self-défense avec ces techniques. Comment réagir face à une personne quand elle veut vous donner un coup de couteau, ou qui vous met une bombe lacrymogène pour vous voler votre sac. Je peux appliquer ces techniques à l’extérieur si je me fais agresser.

Merci.

De rien. Ça m’a fait plaisir de faire votre connaissance, et de voir que vous vous mouillez avec nous ! Parce que je vous voyais souvent assise. Comme vous faites une enquête, il n’y a pas meilleur moyen de parler de ça que de pratiquer. Parce que là c’est seulement mes ressentis, mais les vôtres aussi, il faut… en conclusion je ne sais pas comment vous allez faire pour pouvoir parler de ce sport. Pour pouvoir parler de ce sport, c’est primordial de pratiquer.

 

Les sports de combat, c’est bien pour les enfants. Ce n’est pas parce que c’est un sport de combat que c’est forcément douloureux, que l’enfant va se faire mal. Il ne faut pas les rendre -excusez-moi peut-être que je vais être dure- il ne faut pas les rendre douillets. Parce que certains enfants, à peine tombés, vous les entendez crier car les parents courent mais deux minutes après : « Ah ça va ! » Moi j’ai appris, au fur et à mesure, en observant mes enfants, à ne jamais courir après l’enfant quand il tombe. Ils sont intelligents. Mais si vous voyez que ça ne va pas, là OK aller aux urgence ou autre. Sinon il ne va pas apprendre, il va toujours pleurer et souvent ce n’est pas grave. Il faut savoir tomber, c’est comme ça qu’on se relève, c’est la vie. Ça leur apprend à s’endurcir, à ne pas dire : « Ah je me suis fait mal ! » à tout bout de champs et c’est un moyen de s’affirmer à leur niveau et avoir confiance en eux. En tant que maman j’ai eu aussi mon lot de frayeur mais souvent on soigne ça avec le fameux « bisou magique ».

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