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Interview de Tigran (lutteur)

Tigran est lutteur, licencié à Bagnolet Lutte 93 (Les Diables Rouges) mais il s’entraine à l’INSEP. Il a déjà été deux fois champion de France. Il vient parfois aux entrainements au club, donnés par son père, Karen, entraineur de lutte gréco-romaine.

Ça fait onze ans je fais la lutte. J’avais huit ans, je sais pas, sept ans, j’ai commencé. C’était en Arménie. C’était dans une salle où on s’entraine. Il y a pas de club en Arménie. Mon oncle, il a gagné un championnat du Monde. Alors j’avais envie de commencer. C’était une salle j’allais tous les jours. Du lundi au vendredi. Deux heures tous les jours. Je savais pas si ça allait me plaire. Maintenant, je sais, je veux gagner le championnat du Monde. Dans cette salle je restais cinq ans. Pendant six ans, je faisais de la gym aussi. Après, je fais plus que la lutte. Après je quittais l’Arménie. Je venais en France. À Bagnolet. Toute ma famille est venue en France avec moi.

La première fois j’ai fait un tournoi, c’était en Arménie. Un petit tournoi, oui. J’ai gagné. J’ai fait cinq matches. J’ai tout gagné. J’étais stress un peu. C’est normal, je crois. J’étais content. La première fois j’ai perdu c’était un grand tournoi en Iran. J’ai fait cinquième. Quand tu perds, tu penses il faut t’entrainer encore plus, savoir quelle fautes tu as faites.

Je fais la gréco-romaine. Parce que mon oncle, il a gagné le championnat du Monde en gréco-romaine. Mon père, il m’a dit : il faut que tu fasses de la lutte. Mon père, il vient des fois me voir combattre. Mon oncle, non. Mais si je fais une grande compétition, les championnats d’Europe, alors mon oncle, il viendra. Il a arrêté la lutte, mon oncle. Il a quarante deux ans. Maintenant, c’est à moi.

Je suis à l’Insep. C’est les diables rouges qui m’envoient. Il y a deux ou trois autres arméniens avec moi. Quand je suis arrivé, je parlais pas français. J’ai fait trois ans à l’école. Le français, c’est difficile. Quand j’étais petit, je connaissais rien de la France. En France, j’aime bien Steve Guenot. Et puis Melo (Mélonin Noumonvin champion du Monde 2014, licencié à Bagnolet), et Tarik (Tarik Belmadani, membre de l'équipe de France de lutte gréco-romaine). Je regarde les vidéos de tous les lutteurs.

Mon rêve, c’est la médaille olympique. Ce sera en 2020. Ça va se passer. J’aurai vingt-deux ans. Je combattrai dans l’équipe de France. J’aurai la médaille. En 2024, peut-être il y aura les Jeux Olympiques en France. Alors encore une médaille.

À l’Insep, c’est dur comme en Arménie. Mais je crois que non, c’est plus dur qu’en Arménie. À l’Insep on fait deux entrainements tous les jours. En Arménie, c’était moins régulier. Tout le temps l’entrainement, c’est dur. On fait beaucoup musculation. On fait deux heures d’entrainement et on change de partenaire tout le temps. C’est dur. J’ai trois entraineurs à l’Insep. J’ai gagné l’Open de France cette année. J’ai fait que cette compétition cette année. En 2013 et en 2014 j’ai gagné les championnats de France. J’ai gagné deux fois.

Je combats en soixante kilos. Je dois perdre cinq kilos pour chaque compétition. C’est dur. Plus manger. Mon poids, c’est soixante-cinq kilos. Dans deux ans, je combattrai en soixante-six kilos. Je peux pas changer tout le temps de poids. C’est trop dur.

Le symbole de la lutte, c’est le tapis. Par semaine, on fait quatre fois l’entrainement sur le tapis. C’est toujours le même tapis. C’est très important. La première fois à sept ans je suis monté sur le tapis, j’étais stress. J’ai fait la lutte. Je savais pas les points. Je savais pas j’avais gagné ou j’avais perdu.

J’ai cassé mon doigt, mes oreilles, mon nez. C’est normal. C’est la lutte.

T., c’est un prénom de roi. J’ai deux petites sœurs, mais elles ne font pas la lutte. En Arménie, les filles font pas la lutte.

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