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Interview de Samah (lutteuse)

Samah est lutteuse à Bagnolet Lutte 93 (Diables Rouges). Elle est une des jeunes filles qui s'entrainent régulièrement au club. Elle pratique depuis une dizaine d'années.

J’ai commencé en 2006. Au début je faisais trois sports différents : du foot (quatre mois), du rugby (un mois) et de la lutte (je suis restée toute l’année). Après je me suis arrêtée à la lutte, c’est le sport qui m’avait le plus plu. C’était pour voir.

La lutte ça collait plus à ce que je suis, à mon caractère, ça me correspond plus. Là on est tout seul, c’est un travail sur nous-mêmes. Il faut avoir confiance en soi, être sûr de soi.

On va à l’entrainement trois fois par semaine, deux heures à chaque fois, ça fait six heures. Pendant les vacances je fais souvent des stages de lutte. Il y en a presque pendant chaque vacances. Il y en a ici avec l’US Métro, il y en a avec des personnes que choisit Pino. Au début de chaque année il y a une compétition, ils choisissent des lutteurs qu’ils prennent en stage.

Les gens quand ils voient la salle ils disent que c’est des tatamis, mais c’est un tapis de lutte. Il y a plusieurs tailles de cercle, pour les poussins, benjamins et pour les plus grands.

Je ne me rappelle pas de la première fois que je suis venue dans la salle. C’était avec ma mère. Ça remonte il y a très longtemps. C’était en septembre 2006, je suis née en 1999, j’avais six ans ou peut-être sept. J’étais dans le groupe des petits. Il y avait Maurice, Jean-Philippe, Bébert, Jean-Jean, ça c’était les entraineurs quand j’étais bébé, quand j’étais petite, après Ahmed, le frère d’Emir, m’a mis dans l’entrainement des grands, j’étais la plus petite, et après je suis partie avec Dane. On était beaucoup de filles dans les petites, mais après elles ont toutes arrêté, elles sont parties faire de la danse. Vous allez sûrement les voir demain, parce qu’elles ont des frères qui font de la lutte.

Toute l’année on prend pas de poids, moi je prends un kilo ou deux. Je ne fais pas attention. Quand il y a une compétition qui approche, je fais attention si mon poids est proche de ma catégorie. Si je suis à deux ou trois kilos de différence je fais ce que je veux. L’année prochaine je vais changer de catégorie, il faudra que je maigrisse. Là je suis pile dans ma catégorie.

La lutte, ça muscle, on a les épaules carrées, les mollets durs, les cuisses dures, on est musclée. Depuis que je suis petite, on me dit : tu fais du catch, du sumo, on me dit que je suis un garçon manqué, c’est pas grave, ils disent des conneries. De toutes façons je ne peux pas arrêter la lutte. A un moment j’ai dû arrêter pendant six mois parce que j’étais malade, je peux pas arrêter. Même quand je suis blessée je viens.

A l’USMétro, et à Aulnay c’est à peu près la même ambiance, on les connaît très bien ces clubs.

A l’entrainement, la crainte c’est surtout de faire mal au partenaire. On peut avoir du plaisir, c’est une sensation physique, morale, ça fait du bien. C’est parce que c’est ce qu’on aime. Les entrainements sont plus ou moins durs. Ça dépend des entrainements. Vadim est plus dans la technique, il essaie de tout affiner. Christian il est plus dans le général.

En compétition, j’ai souvent tendance à gagner mes matches et je me prends des tombés à la fin. A une compétition j’avais gagné 6-0 contre la vice-championne de France, il restait trente seconde et je me suis pris un tombé. Normalement on est censé bloquer la lutte, et à chaque fois je me prends des tombés à la fin. C’est un point négatif. A chaque fois je gagne, et il y a toujours un changement. On est jamais sûr de gagner ; il faut pas se reposer. L’année dernière aux championnats de France j’avais 8-0 et au final il restait dix secondes et je me suis pris un tombé. C’est un défaut, il y a le stress.

A chaque fois, on a peur de monter sur le tapis, de lutter, surtout quand on connaît pas l’adversaire, c’est pas la peur de lutter mais on a peur de pas être à la hauteur.

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